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vendredi 30 mai 2014

Cinq générations pour une cave illicite !



C’est une banale vente de cave en 1885, chez Me Léon Faugière, notaire à Aubière, qui va nous propulser cent dix ans plus tôt et dans une sombre histoire de cave illicite. En bonne intelligence, les parties finiront par s’entendre.
Cette affaire met en scène, les familles Dégironde et Cougout. Elle va surtout nous permettre de remonter la généalogie des sœurs Marie et Françoise Dégironde sur cinq générations.

Un aspect du dessus des Grandes Caves d'Aubière.
Un site de 3 hectares et demi.

Le 4 décembre 1885, les sœurs, Marie et Françoise Dégironde, mettent en vente une cave située au terroir des Grandes Caves, d’une longueur de sept mètres sur une largeur d’environ cinq mètres. L’acquéreur est madame Françoise Barnier et son mari Amable Dégironde. (1)
Cette cave est bornée au nord par le corridor, à l’est par la cave de la veuve Aubény-Dégironde, au sud par celle des héritiers Pignol, et à l’ouest par celle de Cheminat.
La cave mise en vente a été construite ou creusée par l’arrière-arrière grand-père de Marie et Françoise Dégironde, en 1776. L’occasion pour nous de remonter rapidement ces cinq générations :

1ère génération
Marie et Françoise Dégironde

2ème génération
Martin Dégironde, marié en 1833 à Marguerite Chirol

3ème génération
Amable Dégironde, marié en 1801 à Marguerite Baile

4ème génération
François Dégironde, marié en secondes noces en 1771 à Élisabeth Bourcheix
François est cultivateur, propriétaire, Juge de paix du canton d’Aubière, et, accessoirement, franc-maçon. Il nous a laissé un testament mystique, dont nous aurons sans doute l’occasion de reparler.

5ème génération
François Dégironde, marié en 1731 à Michèle Gioux
Ce propriétaire, cultivateur et vigneron, fait partie de la longue lignée des Dégironde Barbeyroux. En 1776, il est propriétaire d’une parcelle de terrain, située au terroir du Puy (ce n’est que le cadastre napoléonien de 1831 qui attribuera à ce terroir l’appellation de « Grandes Caves »). Depuis de nombreuses décennies, ce terroir en pente est déjà criblé de caves. Durant l’hiver, il fait donc bâtir sa cave.
Curieusement, ce n’est qu’après coup que François Dégironde constate qu’une cave a été antérieurement creusée et bâtie en-dessous de la sienne ! On peut se demander comment une telle chose a pu être possible. Creusée en surface, les travaux auraient attiré l’attention de François Dégironde. Creusée à partir d’un couloir limitrophe, les voisins auraient vu que cette cave était hors limite, et n’auraient pas manqué d’avertir qui de droit…
Propriétaire de la parcelle « de fond en comble », François Dégironde est dans son bon droit. Il le fait savoir aux fautifs et les menace d’en appeler au bailli. Aux portes du procès, les consorts Cougout (2), sans doute bien conseillés par leur procureur, vont échapper à l’infamie et à la condamnation qui les ruinerait. Ils proposent d’acheter le dessous de terrain à François Dégironde !
Des discussions s’engagent et finalement, une convention est passée devant maître Amable Girard, notaire à Aubière, le 31 mars 1776 :
« [François] Dégironde a vendu aux consorts Cougout le dessous de terrain objet de la discussion mais il fut convenu que dans le cas où une partie de la cave que le dit Dégironde avait fait construire depuis peu viendrait à s’écrouler par suite des constructions et fouilles faites par les consorts Cougout et Lassalas, ces derniers ont promis et se sont obligés d’en garantir et indemniser le dit Dégironde ».

Notes :
(1) – Marie Dégironde est fille de Martin et de Marguerite Chirol ; elle est l’épouse de Jean Gioux, fils d’Annet et d’Antoinette Dutemple. Françoise Dégironde, sa sœur, est l’épouse de Michel Bourcheix, fils d’Antoine et de Catherine Bayle. Michel Bourcheix fut maire d’Aubière ; il meurt sans descendance en cours de mandat en 1899. Amable Dégironde, fils de François et d’Anne Cohendy, épouse en 1873 à Ennezat, Françoise Barnier.
(2) – Les consorts Cougout - les enfants d’Annet Cougout et de Gabrielle Brauly : Jean Cougout, marié en 1747 à Catherine Cournol, autre Jean Cougout, célibataire, Blaise Cougout, marié en 1758 à Anne Lassalas, Guillaume Cougout, marié en 1767 à Anne Gouseau, et Jeanne Lassalas, sœur de l’épouse de Blaise Cougout et veuve de Guillaume Cougout, autre fils d’Annet et de Gabrielle Brauly.

Sources : archives privées

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière – (Pierre Bourcheix)

mardi 27 mai 2014

Louis Chabozy, mort pour la Patrie

Louis Chabozy est né le 22 mars 1890 à Aubière. Fils d’Adolphe et de Louise Pascal, il se marie, le 30 novembre 1911 à Clermont-Ferrand, à Julie Berger.
Blessé le 11 septembre 1914, il est évacué sur l’hôpital de Cabourg en Normandie. Il décèdera le lendemain des suites de ses blessures.


C’est la confusion la plus totale à la mairie d’Aubière à la réception de plusieurs télégrammes contradictoires, le 14 septembre 1914. On annonce d’abord que Martin Chabozy, malade, est hospitalisé à Cabourg, puis que le même Martin Chabozy est décédé à l’hôpital militaire de Cabourg. Un troisième télégramme signale l’erreur et annonce la mort de Louis Chabozy !

Fiche de Louis Chabozy
(Site Mémoire des Hommes)

Télégramme annonçant la mort de Louis Chabozy
(Archives communales d'Aubière)

Une lettre du 13 septembre 1914, à l’entête de la Croix rouge française – Union des femmes de France – L’administrateur de l’hôpital auxiliaire de Cabourg écrit au Maire d’Aubière :
Monsieur le Maire, j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint l’extrait mortuaire de Martin Louis Chabozy, soldat du 298ème d’Infanterie, décédé le 12 septembre à 17 h ½.
Cet extrait devra conformément à l’article 98 du C.C. être inscrit sur les registres de la commune que vous administrez et où le décédé était domicilié. Dès que cette formalité aura été remplie, je vous prierai de vouloir bien, après avoir complété et signé la déclaration ci-dessous (1), renvoyer la présente au bureau de comptabilité et de renseignements de la troisième Armée de Rouen.
Je vous prie de vouloir bien également informer la famille de ce militaire avec tous les ménagements possibles du malheur qui vient de la frapper et de lui faire connaître en même temps, que les objets et valeurs composant la succession de ce militaire lui seront envoyés par les soins du bureau de comptabilité et de renseignements dès que le certificat d’hérédité aura été rempli et sera parvenu au chef du dit bureau.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments de haute considération. Signé l’Administrateur (illisible).
(1) – Le maire de la comme de (en blanc) certifie que l’acte de décès du militaire désigné ci-dessus a été inscrit ce jour sur les registres des actes de l’état civil de la dite commune sous le numéro (en blanc).

Inventaire des effets de Louis Chabozy
(Archives communales d'Aubière)

Certificat d'hérédité de Louis Chabozy (copie)
(Archives communales d'Aubière)

Sources : Mémoire des Hommes et Archives communales d’Aubière

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière (P.B.)


jeudi 22 mai 2014

Les Gardes-champêtres aubiérois_2/2



A partir de là, il nous manque des informations que les archives communales ne nous donneront pas. On trouve des procès-verbaux d’un certain Joseph Vaury à partir de 1860. Il semble qu’il ait remplacé François Villevaud, mais depuis quelle date ?

Joseph Vaury
Né le 25 septembre 1824, Joseph Vaury, fils d’Antoine et Suzanne Ligier, se marie à Clermont-Ferrand, le 23 décembre 1851 avec Antoinette Cossy, originaire de Chadrat, commune de Saint-Saturnin. Leurs cinq enfants connus naîtront à Clermont, Aubière et Pérignat-lès-Sarliève. Ses procès-verbaux nous révèleront qu’il « opère » sur le territoire de Pérignat. Il donnera sa démission le 27 décembre 1891. Le 23 mai 1892, le maire exposera au conseil municipal que l’ancien garde, Joseph Vaury, est dans l’impossibilité de pourvoir à sa subsistance. « Le conseil, considérant qu’il a passé 32 ans au service de la commune, qu’il n’a personne pour le soigner, prie Mr le Préfet de bien vouloir faire admettre d’urgence Joseph Vaury à l’hospice civil de Clermont-Ferrand. » (1)

Les PV de Joseph Vaury :
- 26 janvier 1860 : six plants de frêne, appartenant à Mr Thibaud de Pérignat, sont coupés.
- 17 septembre 1860 : 11 des 18 pierres de taille plantées par le sieur Charles Blanc le long de sa propriété ont été arrachées dans la nuit du 16 au 17 septembre.
- 30 octobre 1860 : dans la nuit du 29 au 30 octobre, quelqu’un s’en est pris encore aux pierres de Charles Blanc. Une a été arrachée, deux autres ont été ébranlées.
- 19 novembre 1860 : jamais 2 sans 3 ! Dans la nuit du 18 au 19 novembre, cinq pierres sont à nouveau arrachées, le long de la propriété de Charles Blanc.
- 30 juin 1861 : Joseph Vaury se rend chez Guillaume Noellet, Michel Noellet et François Cassière, et leur donne un arrêté du 28 septembre 1860 les condamnant à 2,55 francs d’amende et au rétablissement du chemin vicinal n°17 qu’ils avaient empiété en labourant leurs terres.
- 22 juillet 1861 : les 2 gardes-champêtres, Joseph Vaury et Joseph Taillandier, accompagnés de l’adjoint au maire Guillaume Breuly, se rendent chez Pierre Blanc gendre à Gioux pour lui signifier qu’il doit évacuer le tas de fumier qu’il laisse dans une cour commune devant le cuvage d’Annet Dégironde. Deux jugements, indiquant qu’aucun dépôt de fumier ne peut être laissé dans cette cour, ont déjà été rendus contre lui.
- 23 août 1861 : Joseph Vaury surprend Antoine Cassière, gendre à Cassière, en train de chasser avec un fusil et un chien blanc taché de noir, alors que la chasse est prohibée.
- 4 avril 1862 : 10 ou 11 ceps de vigne ont été arrachés dans la propriété de Henry Taytard de Pérignat.
- 14 avril 1862 : une volame, marquée aux deux premières lettres de son nom et au manche noir, a été volée dans la grange d’Antoine Farnoux, gendre à Blanc. (2)
- 16 mai 1862 : Joseph Vaury reçoit la plainte d’Anne Pezant, femme de Jean-Baptiste Ozol. On lui a volé deux chemises pendant qu’elle faisait la lessive, le 6 mai.
- 22 mars 1863 : François Barret se plaint qu’on lui a volé des pierres dans un chazal. Les témoins : Etienne Blanchot et Françoise Blanchot, fille ; Jean Perrier, maître maçon, et André Lachaux, son ouvrier.
- 19 juillet 1863 : Pierre Benex se plaint qu’on lui a volé des gerbes de seigle au Chambon.
- 4 mai 1865 : trois brebis, sous la garde de François Jauriat, 18 ans, fils d’Anne Barret, veuve Jauriat, broutent le blé d’Antoine Baille dit Barette.

Les procès-verbaux de Joseph Taillandier :
- 27 juin 1861 : Jean Thérieux, ex instituteur, est verbalisé pour n’avoir pas détruit, dans le délai de 8 jours qui lui avait été donné, la marche d’escalier qu’il avait construite devant chez lui et empiétant de 40 centimètres sur la rue.
- 27 juin 1861 : même motif, même punition pour François Moins. Il n’a pas détruit le perron qu’il avait construit sur la rue devant chez lui au quartier de la Halle.
- 18 juin 1866 : le dimanche 17 juin, sur les 9 heures du soir, François Fonteix, gendre à Ebely, surprend Jean Janon, fils à Michel, dans la cave d’Amable Cassière, gendre à Besseyre, en train de tirer du vin d’un fût dans un pichet en terre de cinq litres. Jean Janon dit à Fonteix qu’il vient de la part du propriétaire de la cave qui se trouve chez Gidon, le meunier. Le lendemain matin, Cassière n’ayant pas reconnu les faits, vient porter plainte auprès du garde, en compagnie de Fonteix. Joseph Taillandier interroge Janon qui lui dit : « En effet, je suis allé chercher un vase de cinq litres de vin dans une cave que François Pascal, fils à François, âgé de 24 ans, avait dit lui appartenir, dans laquelle il l’avait conduit une autre fois, comme dimanche, que Pascal payait le vin à ses camarades et qu’il était allé chez le meunier Gidon aider à décharger des sacs, et m’avait donné les clefs pour que j’aille tirer du vin en son absence. »
Le procès-verbal s’arrête là. On ne sait pas à qui appartient la cave ; à moins que François Pascal se soit procurer un double des clefs de la cave à Cassière, et qu’ainsi, il en profitait pour payer du vin à bon compte à ses camarades…

Le 4 décembre 1864, le juge de paix fait le rappel suivant : « Je suis chargé par le procureur impérial de vous prévenir de veiller à ce que les procès-verbaux dressés par les gardes-champêtres soient, avant d’être transmis au tribunal de répression, soumis à la double formalité du timbre et de l’enregistrement en délits. »

Le 16 février 1865, on demande au maire d’Aubière de fournir un uniforme à ses gardes-champêtres. Jusqu’à présent, seul le port de la plaque les distinguait, mais la plupart des gardes ne la portaient pas. Désormais, ils devront porter en sus, le képi et la blouse. Voici la description de ces effets qui permettront de les reconnaître et leur procureront le respect du public.
« La blouse est un coutil croisé, petit filet bleu et blanc, collet renversé avec liseré rouge en laine ; double liseré rouge sur les épaules ; ouverte devant ; cinq boutons argentés à l’aigle ; coutant dix francs.
Le képi est en drap vert foncé, passepoils jaunes avec aigle argenté ; coutant 6,50 francs.
Plaque en cuivre bordée d’un drap rouge, cousue sur la manche gauche de la blouse. »
Le 12 mai suivant, le conseil vote la somme de 50 francs pour couvrir les dépenses du costume des gardes-champêtres.
Le 17 octobre 1867, le conseil municipal vote l’augmentation du salaire des gardes-champêtres, qui passe à 400 francs pour chacun d’eux.

Jean Chabozy
Fossoyeur de la commune depuis 1871, il est nommé garde-champêtre par arrêté préfectoral du 14 mars 1872, en remplacement du sieur Bourbon, démissionnaire. Sans plus de renseignements, nous ne pouvons identifier ce garde démissionnaire.
Jean Chabozy est né à Aubière, le 4 juin 1838. Il est fils de Jacques et de Marie Amadieu. Il s’est marié avec Antoinette Champclos, le 18 février 1865 à Aubière.

Antoine Huguet
Nommé le 19 mai 1874, il est possible que ce soit un des fils de Saturnin Huguet, marié le 22 juillet 1833 à Aubière avec Marie Baile. Dans le doute, nous restons très réservés.
Une simple phrase, dans une délibération du 15 février 1876, nous indique qu’Antoine Huguet vient d’être « assassiné dans l’exercice de ses fonctions ».

Jean Planche
Il était garde-champêtre en 1875, sans que l’on ait retrouvé sa nomination ou sa démission.
Né le 27 mai 1813 à Aubière, il est fils de Claude et d’Antoinette Mazen. Jean Planche s’est marié à Aubière le 14 décembre 1843 avec Marie Dégironde. Il meurt le 6 novembre 1877.

Marien Auteroche
Il remplacera Antoine Huguet, décédé. Nous ne connaissons pas la date précise de sa nomination. Mais le 18 novembre 1876, le conseil municipal, considérant que la superficie de la commune d’Aubière est réduite depuis la séparation d’avec Pérignat-lès-Sarliève (1873), estime qu’il est inutile de conserver deux gardes. Marien Auteroche étant estropié d’un bras, c’est Joseph Vaury, le plus valide des deux, qui remplira les fonctions de garde-champêtre.
On en conclut que Jean Chabozy a dû démissionner entre-temps.

Cependant, des démissions suivies de nominations en 1889 et 1890, avant la démission de Joseph Vaury, en date du 27 décembre 1891, semblent prouver que l’on soit revenu sur la décision de ne conserver qu’un seul garde-champêtre.

Martin Jean Matricon
Suite à la démission du 8 février 1889 du sieur Jean Gagnat (aucune information sur lui), Martin Jean Matricon est nommé le 1er mars 1889. Ce dernier est né le 7 février 1863 à Saint-Paul-en-Jarez (42), marié avec Catherine Dehay depuis le 9 novembre 1888 à Aubière.

Etienne Lafleur
C’est également après la démission d’Antoine Delorme (non identifié) qu’Etienne Lafleur est nommé le 1er juillet 1890. Cultivateur à Aubière où il est né le 1er août 1853, Etienne Lafleur est marié depuis le 31 décembre 1874 à Louise Chossidon.

En 1892, le salaire des deux gardes-champêtres est réévalué. Le premier garde-champêtre touche 700 francs, le second 600 francs.

Jean Monat
On sait qu’il est garde-champêtre en 1892 puisqu’il est témoin, en tant que tel à Aubière, au mariage de Pierre Léon Chanut et de Françoise Delavet, le 28 mai.

Jean Goutay
Il est témoin en tant que garde-champêtre à Aubière en 1901. (3)

Pierre Léon Chanut
Lors d’une délibération du 23 décembre 1905, le conseil municipal vote une gratification de 50 francs au garde-champêtre Pierre Chanut pour services rendus. Pas de trace de sa nomination.
Pierre Léon Chanut est né le 28 mars 1862 à Lempdes (63), fils d’André et de Jeanne Roux. Il s’est marié le 28 mai 1892 à Aubière avec Françoise Delavet.
Il reçoit une nouvelle gratification de 20 francs, pour le nettoyage des cabinets d’aisance de l’école de garçons (Délibération du 8 novembre 1906).

Comme on le voit, les « missions » des gardes-champêtres sont multiples. D’autant que d’autres problèmes surviennent qui donnent lieu à des arrêtés municipaux que les gardes sont chargés de faire respecter.


C’est ainsi, par exemples, que des nomades s’incrustent sur le territoire de la commune ou que des moutons broutent sans surveillance, allant à l’encontre des arrêtés municipaux.
On ne trouvera plus de nominations avant 1925.

Antoine Blanchet
Antoine Blanchet est né le 4 avril 1875 à Compains, fils de François et d’Anne Moins. Il se marie à Aubière le 3 novembre 1906 avec Marguerite Thévenon, fille de Priest et Anne Breuly.
On apprend son état de garde-champêtre en 1911, lorsqu’il reçoit une allocation qui lui est accordée « pour supplément de travail occasionné par suite du recensement. »

Bonnet Soulier
Il est né le 21 juin 1869 à Gerzat (63), fils de Laurent et Marie Bardin. C’est le 10 décembre 1895 qu’il se marie à Aubière avec Élisabeth Bayle. Il entre en fonction le 1er août 1913. Le premier de ses procès-verbaux, qui nous le font connaître, date de 1914. Il exercera jusqu’au 1er octobre 1941.

Les procès-verbaux de Bonnet Soulier :
- 31 août 1914 : « Avons vu dans un champ de pommes de terre aux Varennes, un troupeau de moutons qui y pacageait. Ayant interpellé la gardienne du dit troupeau, nous l’avons interrogée. Elle nous a répondu : “Je me nomme Marie Juge, âgée de 58 ans, demeurant impasse du Canal à Aubière ; née à Volvic en 1856, fille d’Antoine et de Michelle Juge. Je me suis trompée de chemin pour conduire mes moutons à l’endroit où je devais les faire pacager. Mais je reconnais être dans mon tort”. »

Et là, pas calmé ?
Bonnet Soulier
Avec un tel regard, les contrevenants
n’avaient plus qu’à se tenir tranquilles…
 
- 10 septembre 1914 : « J’ai surpris en flagrant délit de vol de pêches le sieur Quercy Antoine, journalier, rue des Foisses à Aubière, dans une propriété au lieu-dit Biscara, commune de Montferrand. Cet individu avait presque cueilli deux paniers de pêches sur la propriété d’autrui. Je le lui fis remarquer ; il m’a répondu : “C’est possible, mais cette propriété étant en chaume, je n’y commets aucun dégât”. Je suis parti vous prévenir et j’ai vu Quercy se diriger sur Aubière en emportant le fruit de son larcin. »
- 14 novembre 1917 : « Informé par messieurs Thévenon Martin Souchaud, âgé de 63 ans, habitant à Aubière, rue de La Bourdenaud, et Decorps Francisque, âgé de 54 ans, domicilié à Aubière, rue des Ramacles, que la mardi 6 novembre, étant au terroir des Saules, ils ont vu et pris madame Marie Juge, âgée de 61 ans, épouse Jean Janon, demeurant à Aubière, Impasse du Canal, gardant son troupeau de 80 moutons environ dans la prairie artificielle en nature de luzerne de Mr Bourcheix Etienne Roche, demeurant à Aubière, rue de la Treille. Elle a fait manger ou pacager totalement cette propriété dont la coupe de luzerne atteignait environ 40 centimètres de hauteur. Ayant rencontré la dite dame, et l’ayant interrogée, elle m’a répondu qu’elle n’avait pas fait de mal mais elle m’a avoué que c’était bien elle. »
- 23 avril 1921 : « Faisant la visite des boucheries et charcuteries pour nous assurer de l’affichage municipal du 19 avril 1921, relatif au prix de vente au détail de la viande de boucherie et de charcuterie. Un exemplaire certifié conforme du dit arrêté ayant été remis à chaque boucher et charcutier le 22 courant à 18 heures pour être affiché dans leur magasin. Nous avons constaté que Mr Jean Domas, âgé de 47 ans, boucher rue du Chambon à Aubière, avait négligé d’afficher le dit arrêté. En l’absence de ce dernier, Mme Domas Jeanne, âgée de 41 ans, bouchère son épouse, nous a déclaré : “Si je n’ai pas affiché dans mon magasin l’arrêté municipal réglementant la vente au détail de la viande de boucherie, c’est parce que le prix du bœuf n’est pas assez élevé”. »

Jean Devaux
On apprend son existence par le procès-verbal ci-dessous. On n’a aucun autre renseignement sur son identité.
- 8 août 1921 : « Faisant une tournée pour la surveillance des propriétés et la répression du maraudage, nous trouvant à cet effet sur un chemin de servitude au lieu-dit ‘Près du Camp’, situé sur les confins des communes d’Aubière et de Pérignat-lès-Sarliève, nous avons constaté que dans un champ de blé moissonné et en plongeons, appartenant à Mr Noëllet Jean Dégironde, propriétaire Place Saint-Etienne à Aubière, se trouvait un troupeau de moutons qui pacageait dans le dit champ. La propriétaire des moutons nous a déclaré : “Je me nomme Catherine Juge, épouse Janon, propriétaire, domiciliée impasse du Canal à Aubière. Mes moutons ne font aucun mal ; ils se mettent autour des plongeons pour se garantir du soleil ; je déclare en outre ne pas être autorisée à les faire pacager dans ce champ”. »

Emile Noëllet
En 1925, le conseil municipal décide de nommer un troisième garde-champêtre.
Emile Noëllet est nommé garde-champêtre à partir du 1er septembre 1925.
Né à Aubière le 14 juin 1885, il est fils de Jean et Anne Villevaud. Il se marie avec Marie Louise Lathométie, le 31 janvier 1914 à Alger.
Il démissionne en juillet 1929.

Antoine Chaurat
Il entre en fonction le 19 juillet 1929, à la suite de la démission d’Emile Noëllet.
Il est né le 31 juillet 1891 à Mezel (63).
Il démissionne en juin 1931.

Jean Georges Candau
Il prend ses fonctions le 27 juin 1931. Il démissionnera en février 1932.

Arrêtés municipaux que doivent faire respecter les gardes-champêtres :
- 3 septembre 1930 : dans les « agglomérations de la commune d’Aubière » les poids lourds (plus de 3 tonnes) doivent rouler à 10 km/h ; les véhicules légers (moins de 3 tonnes) à 20km/h.
- 10 août 1933 : « Le dépôt et l’épandage des matières provenant des fosses d’aisance ou des tinettes est totalement prohibée sur le territoire de la commune. »
- 31 août 1937 : Comme chaque année à pareille époque, la chasse est interdite dans les vignes jusqu’à la clôture des vendanges.
- 7 juillet 1939 : Rue de l’Adèle, sous laquelle se trouvent des caves, la circulation des véhicules à deux roues dont le poids total est supérieur à 2,5 tonnes est interdite. Même chose pour les véhicules à 4 roues dont le poids total est supérieur à 3,2 tonnes.

Adrien Plantin
Il prend ses fonctions le 1er mars 1932, suite à la démission de Jean Candau.
Il est né le 7 août 1891 à Chanaleilles (43). On ne connaît pas la date de son mariage avec Marie Valette, mais ils ont eu plusieurs enfants, nés à partir de 1923.
Un procès-verbal de Plantin :
- 10 octobre 1933 : « Le chauffeur Fraisse, de l’entreprise Verdier, a en ma présence déversé une tonne de matière fécale dans la fosse couverte, au lieu-dit “Le Marais”. Le même jour, il a déversé à nouveau une tonne de vidange dans la même fosse, contrairement à l’arrêté municipal du 31 août 1933. »

Pendant la guerre, en 1940, la garde des cultures devient un souci majeur. La Municipalité d’Aubière décide donc de nommer 6 gardes-champêtres auxiliaires, en sus des deux gardes déjà en poste : les gardes Soulier et Plantin. Ces gardes auxiliaires exerceront bénévolement ; cependant, le conseil municipal leur accordera d’être exemptés de taxe vicinale en échange de leur service. (4)

Les gardes auxiliaires
- Amable Ballet, né le 1er janvier 1894 à Aubière, et marié en 1920 à Clémentine Blanc, est fils de Joseph et de Louise Cassière.
- Francisque Cambolas, né le 22 mars 1888 à Cournon.
- Amable Chossidon, né le 7 mai 1884 à Aubière, et marié le 1er mai 1909 à Aubière avec Marguerite Brugière, est fils de François et Marie Boissier.
- Marcel Decorps, né le 28 mai 1895 à Aubière, et marié le 19 avril 1921 avec Catherine Mazen, est fils de Martin et d’Anne Chosson.
- Alphonse Gioux, né le 11 octobre 1897 à Aubière, et marié le 31 août 1920 à Aubière avec Marie Cécile Thévenon, est fils de Pierre et Françoise Joannet.
- Emile Noëllet, né à Aubière le 14 juin 1885, il est fils de Jean et Anne Villevaud ; marié avec Marie Louise Lathométie, le 31 janvier 1914 à Alger, il reprend du service.

Baptiste Gioux
A la suite de la démission de Bonnet Soulier, Baptiste Gioux est nommé garde-champêtre, le 1er octobre 1941. Il est né le 19 juin 1909 à Aubière.

François Bourcheix
Nous sommes en 1943, l’un des gardes auxiliaires vient de mourir. C’est François Xavier Bourcheix, né le 25 novembre 1901 à Aubière, qui le remplace le 14 novembre 1943. Il est fils de François et de Marguerite Breuly. Il s’est marié le 12 septembre 1925 à Clermont-Ferrand avec Amélie dite Lydie Chillaud.
Les gardes-champêtres auxiliaires (ou gardes messiers) sont nommés pour la durée des hostilités.

A noter que, depuis plusieurs décennies, le garde-champêtre ne faisait plus office de tambour de ville. Pour mémoire, on citera les 4 derniers tambours connus : Etienne Libouroux, démissionnaire, remplacé par Raymond Beneix, né le 11 novembre 1923 à Aubière, à partir du 1er janvier 1941 ; Gabriel Février, né le 10 janvier 1895 à Cournon, prend la suite à partir du 1er octobre 1941 ; et enfin, Serge Poughon, né le 26 mai 1926 à Clermont-Ferrand, qui prend ses fonctions le 1er janvier 1945.

Les stations du tambour de ville :
1.    Maison Brugière, rue Saint-Antoine ;
2.    Maison Pezant, impasse du Barry ;
3.    Maison Chatonier, rue Champvoisin ;
4.    Maison Aubeny, rue du Jour ;
5.    Maison Aubeny-Bourcheix, rue des Foisses ;
6.    Maison Noëllet, rue Saint-Jean ;
7.    Maison Ravel, rue Turenne ;
8.    Maison Noëllet, rue Richelieu ;
9.    Maison Bourcheix, rue de la Treille ;
10. Maison Boy-Ollery, rue du Pont-Neuf ;
11. Maison Cassière, impasse du Canal ;
12. Maison Achard, place Saint-Etienne ;
13. Maison Jallat, rue des Moulins ;
14. Maison Bayle, rue Bergère ;
15. Maison Dauphin, rue de Pérignat ;
16. Maison Chabert, rue Bayard ;
17. Maison Montel, rue Desaix ;
18. Maison Chaussidon, rue Saint-Marc ;
19. Maison Cotte, rue d’Ennezat ;
20. Maison Noëllet, rue des Grandes Caves ;
21. Maison Astorgue, rue de la Gaieté ;
22. Maison Théringaud, rue Chautard ;
23. Maison Teilhol, place des Ramacles ;
24. Maison Dégironde, rue Nationale ;
25. Maison Bony, rue Voltaire ;
26. Maison Chevalier, rue Bérenger ;
27. Casino de Saint-Etienne, place de la Halle ;
28. Maison Fineyre, rue Saint-Loup ;
29. Maison Flagel, rue Cote-Blatin ;
30. Maison Durand, rue Charras ;
31. Maison Chautard, place des Ramacles ;
32. Maison Bourcheix, rue du Verger ;
33. Maison Janot, rue Vercingétorix ;
34. Maison Bayle, rue de la Mairie ;
35. Maison Thévenon, place Saint-Denis ;
36. Maison Lagarde, rue Pascal ;
37. Maison Libouroux, rue du 4-Septembre.

(Décision de la Commission des Travaux Publics du 16 juin 1923)

Les deux gardes : Adrien Plantin et Baptiste Gioux, exerceront encore plusieurs années après la fin de la guerre.
Le dernier garde-champêtre d’Aubière fut Jean-Paul Durif, qui cessa cette activité en 2002. La police municipale, forte de 4 agents aujourd’hui, prendra le relais.


Sources et bibliographie : Fédération Nationale des Gardes Champêtres, Archives communales d’Aubière, Archives privées, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaire du monde rural, Dictionnaire des métiers.

Notes :
(1) – Ces dernières informations nous permettent de déterminer la date de sa nomination : 1891-32=1859.
(2) – Volame, voulame, voulan, volamp ou volant : grande faucille plus longue et plus ouverte que la petite faucille à dents ordinaire, dont le manche fait un angle avec le plat de la lame.
(3) – Comme c’était déjà le cas sous l’ancien régime (avant 1789) où le curé faisait appel à un homme présent au village lors de la cérémonie (notamment pour les sépultures, le seul qui n’était pas dans les champs était le maréchal-ferrant), depuis la Révolution le maire, s’il manquait de témoins, avait recours au garde-champêtre ou à l’instituteur. C’est pour cela qu’on retrouve souvent ces personnages cités comme témoins.
(4) – D’autant que les charges ne manquent pas. La rage apparaît lorsque le vétérinaire confirme les doutes du maire, après qu’un chien présentant les symptômes de la rage ait été abattu par le garde-champêtre, le 17 mai 1941. Un arrêté sera pris dès le 19 mai contre les chiens errant et non muselés.
Autre arrêté municipal, du 09/10/1944, que doivent faire respecter les gardes-champêtres : « Les seaux hygiéniques ne pourront être vidés dans les W.C. publics que le matin de 7 à 8 heures, et le soir de 20 à 22 heures ».

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)