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jeudi 10 avril 2014

Achat d’une maison et travaux (1716-1729)



En ce mois de juillet 1716, Monde Bonnabry vient d’enterrer son second époux, Guillaume Dégironde d’Aoust. Avec ses fils de ce second mariage, elle se résout à vendre un cuvage et ses dépendances, le tout situé au quartier du Verdier à Aubière à François Bayle. Les bâtiments menaçant ruines, ce dernier engage des travaux d’entretien en 1720 et 1729, afin qu’ils deviennent habitables.
Quatre textes qui nous permettront de faire plus connaissance avec tous les acteurs de ces opérations immobilières.

C’est le 25 juillet 1716 que la vente est passée devant maître Courtes, notaire à Aubière. Monde Bonnabry, veuve de Guillaume Dégironde d’aoust, et ses fils Guillaume et François sont présents, ainsi que François Bayle, l’acheteur.

Le bien
D’après l’acte de vente, il s’agit d’un cuvage avec « ses aizes et appartenances », situé au quartier du Verdier (lire Verger). Ce bien joint deux rues : la rue publique de midi et une rue à bout de nuit (1), la maison de Jehanne Cladière de bize.
Le prix en est fixé à la somme de quatre-vingt cinq livres. François Bayle en verse d’hors et déjà, « en bonne monnaye d’or et d’argent » trente cinq livres. Le reste sera payé aux prochaines fêtes de Noël.
Seulement, François Bayle ne paiera ce solde que le 3 avril 1717, tel que l’atteste la quittance de ce jour-là, passée devant maître Courtes, en présence de Monde Bonnabry et de ses fils.


Les travaux
Les bâtiments, cependant, n’étaient pas en très bon état. Au-dessus du cuvage, dont les murs sont grêlés, une chambre surmontée d’un grenier. Les escaliers pour y accéder, sont détruits ou inexistants ; les planchers sont crevés et pourris. François Bayle veut les rendre habitables et, pour cela, il va s’entourer d’un maçon et d’un charpentier.
Il fait des économies et, en 1720, commande une première série de travaux.
Le 25 avril, il réceptionne les travaux réalisés ces derniers mois par Michel Mazière, le maître maçon, et par Amable Mazen, le maître charpentier, tous deux d’Aubière.
C’est maître Courtes, le notaire, qui rédige les quittances.

Réalisés par le maçon en 1720 :
Dans le cuvage, Michel Mazière a construit une cheminée en pierres de taille, percer deux fenêtres, une de nuit et une de midi, bouché les plus gros trous des murs.
Dans la chambre, à l’étage, il a crépi les murs, bouché une brèche du côté de la maison de Guillaume Jallut. Le toit a été ressuivi. Il a fourni les pierres, la chaux, le sable et les tuiles.
Pour le tout, y compris les journées de l’ouvrier qui l’a aidé, le maçon a été payé soixante six livres.

Réalisés par le charpentier en 1720 :
Amable Mazen a refait entièrement le plancher de la chambre, pour lequel il a fourni une poutre et cinq douzaines de planches et les clous.
Il a fait un escalier en bois pour monter dans la chambre et a fourni tout le bois nécessaire.
Il a fait les portes et les fenêtres de la chambre et du cuvage.
Pour le tout, il a été payé cinquante huit livres.

La deuxième tranche de travaux aura lieu en hiver 1729. Les mêmes artisans sont à l’œuvre.

Le maçon, Michel Mazière, construit un escalier extérieur en pierres, une étable à pourceaux sous ledit escalier, l’encadrement de la porte du cuvage en pierres de taille. Pour le tout, la fourniture des pierres, de la chaux et du sable, ses journées et celles de ses ouvriers, il a reçu quatre-vingt-dix livres.

Le charpentier, Amable Mazen, a fait le plancher, l’escalier pour monter au grenier, les portes du cuvage (en sapin) et de la maison (en chêne). Pour le tout et avoir fourni les poutres, solives, planches, clous et ferrements, pour ses journées et celles de ses ouvriers, il a reçu quatre-vingt-quinze livres.

Quittance établie par maître Courtes, notaire royal, le 14 mars 1729.

Notes généalogiques

Monde Bonnabry :
Quelques mois après la vente et qu’elle ait reçu le solde du paiement de la transaction, en avril 1717, Monde Bonnabry décède à l’âge de 74 ans, nous dit son acte de décès du 24 octobre 1717. Elle serait donc née en 1643 à Aubière. Il y a sans doute une erreur d’appréciation de son âge, puisque ses parents Michel et Jeanne SOULIER (cette dernière originaire de Fontsalvy, paroisse de Bromont-Lamothe) se sont mariés par contrat devant Me Robert à Montferrand, le 31 octobre 1645. On peut toujours imaginer que le mariage religieux ait eu lieu plusieurs années plus tôt (lacunes dans les BMS d’Aubière).
Elle convole pour la première fois avec un boulanger d’Aubière, Jean Thévenon, le 26 janvier 1670, contrat passé devant Me Gilbert Aubény à Aubière (AD63, 5 E 44 86). En 1671, deux filles vont naître curieusement à 2 mois d’intervalle (!) : Anthonia, le 5 mars 1671, et Jeanne, le 13 mai suivant. Nous resterons circonspects sur les dates, même si la Faculté nous autorise à croire en cette possibilité extrêmement rare. D’ailleurs, les fillettes ne survivront sans doute pas, car dès lors, elles ne donnent plus aucun signe de vie. Leur père, Jean Thévenon, s’éteint quelques mois après, le 17 septembre 1671.
Monde Bonnabry va vivre seule pendant un an, puis elle se remarie le 22 septembre 1672 (contrat de mariage devant Me Dégironde à Aubière) avec un laboureur, Guilhaume Dégironde d’Aoust, fils de Guilhaume et de Martine Villevaud. Son décès en 1716 provoquera la transaction de 1716 ci-dessus. Quatre enfants naîtront entre 1673 et 1687 : Guillaume, le 6 décembre 1673, uni à Marie Decorps, le 10 janvier 1696 ; François, le 2 mars 1676, uni à Gilberte Dutemple, le 29 janvier 1704 ; Jeanne, le 12 septembre 1683, unie à Jacques Brunel, le 6 février 1703 ; et autre François, le 26 février 1687, sans alliance connue actuellement.
Nous noterons que le suffixe qui suit le patronyme Dégironde : d’Aoust ou doust, n’apparaît plus régulièrement dans les actes qui concernent les enfants (il finira par disparaître complètement au cours du XVIIIème siècle).

Les enfants de Monde Bonnabry :
Guilhaume Dégironde d’oust - Deux fils seront cités dans la vente de 1716. Le premier est Guilhaume Dégironde d’Oust, né le 6 décembre 1673 à Aubière. Il épouse Marie Decorps, le 10 janvier 1696 à Aubière, et tous deux avaient passé un contrat de mariage devant Me Thiollier à Aubière, le 8 décembre 1695. Ils auront 7 enfants : Marie Dégironde d’Oust, née le 27 novembre 1696, mariée à Annet Tisseranges, le 6 février 1720 à Aubière ; Jeanne Dégironde, née le 13 août 1699, sans alliance connue ; François Dégironde d’Oust, né le 19 janvier 1702, marié à Louise Tisseranges, le 12 janvier 1723 à Aubière ; Gilberte Dégironde, née le 26 mai 1704, sans alliance connue ; Françoise Dégironde, née le 28 mars 1706, sans alliance connue ; André Dégironde, né le 16 avril 1707, marié à Isabeau Cohendy, le 16 février 1733 à Aubière ; Amable Dégironde d’Aoust, né le 8 septembre 1711, marié à Magdelaine Chalameaux, le 9 février 1740 à Aubière.

François Dégironde d’Oust - Le second fils, François Dégironde d’Oust, né le 2 mars 1676 à Aubière, se marie à Gilberte Dutemple, le 29 janvier 1704 à Aubière. Le contrat de mariage, du 7 avril 1701, avait été passé devant Me Thiollier à Aubière. Nous ne leur connaissons qu’un seul enfant : Guillaume Dégironde, né le 27 mars 1706 à Aubière, sans alliance connue.




N’apparaissant pas dans l’acte de vente de 1716, le troisième fils de Monde Bonnabry devait être décédé à cette date.



François Bayle


Il est jeune marié et orphelin de père lorsqu’il achète le cuvage et ses dépendances, déjà en mauvais état, à Monde Bonnabry et ses fils, le 25 juillet 1716. Né et baptisé le 14 janvier 1688, François Baisle est fils de François (+ avant 1705) et de Poncette Chalameau. Il est laboureur et tisserand à la mauvaise saison. Le 10 avril 1714 à Aubière, il épouse Marie BESSE, originaire de Fontfreyde, paroisse de Saint-Genès Champanelle, et fille de François et Alix Chade. Les jeunes futurs avaient signé un contrat de mariage, le 20 mars 1714, devant Me Courtes à Aubière. Deux enfants naîtront avant la transaction du 25 juillet 1716 : Antoine Baile, né le 24 février 1715, marié à Aubière le 11 février 1744 avec Isabeau Gioux ; Matthieu Baile, né le 21 avril 1716, sans alliance connue ; trois autres enfants naîtront après : Géraud Baile, né le 22 décembre 1717, sans alliance connue ; Jean Baile, né le 28 juin 1720, sans alliance connue ; et Henry Baile, né le 31 octobre 1723, également sans alliance connue.

Les bâtiments (cuvage et dépendances) que François Bayle achète en 1716, voisinent avec la maison de Jeanne Cladière (veuve de Victor Tisseranges) au nord, et avec celle de Guillaume Jallut dans le quartier du Verdier.



Jehanne Cladière

Elle est née le 14 mai 1656 à Aubière, fille de Gilbert et de Jehanne Deroche. Elle se marie en 1679 à un tisserand, Victor Tisseranges, fils de Jamet et d’Antoinette Martin, déjà deux fois veuf. Ils auront ensemble cinq enfants.



Guillaume Jallut

Il est né le 10 septembre 1662 à Aubière, fils d’Anthoine et Françoise Arnaud. Il épousera le 16 mai 1688 Anthonia Peallat, fille de Jehan et de Martine Dautour. Huit enfants naitront de cette union.



Michel Mazière


Il fait partie de ces fameux maçons de la Creuse venus s’implanter en Auvergne, et plus particulièrement à Aubière, où ils vont vendre leur savoir-faire notamment pour la construction des caves dans les coteaux. C’est, en effet, une période de grosses productions vinicoles, et les vignerons aubiérois doivent s’organiser pour stocker leur vin. Michel Mazière est né à Ménec, paroisse de Néoux (23) de Claude, également maçon, et de Jeanne Chazotte. De son premier mariage avec Jeanne Vedel, établi par contrat devant Maître Thiollier à Aubière, le 27 juin 1699, il n’aura pas de descendance (connue). C’est de sa deuxième épouse, Marthe Montagne ou Montaigne, qu’il aura 4 enfants : François, né le 29 mai 1704 à Aubière ; Catherine, née le 26 octobre 1706 à Aubière ; George, née le 18 août 1711 à Aubière ; et Michel, né le 24 mai 1718 à Aubière. Seul, ce dernier, devenu maçon à son tour, lui donnera une descendance, après son union avec Michelle Arnaud, le 27 janvier 1739 à Aubière.



Amable Mazen


Ce maître charpentier est né le 18 avril 1683 à Aubière de Amable et de Anna Dautour. Son contrat de mariage avec Françoise Finaire, fille d’Antoine et d’Antoinette Bourdier, est passé devant Maître Thiollier à Aubière, le 8 janvier 1707. Le mariage religieux aura lieu le 1er février suivant à Aubière. Le charpentier Amable Mazen aura 6 enfants de ce premier mariage, tous nés à Aubière : Martin, marié le 17 avril 1738 à Michèle Gioux ; Élisabeth, née le 26 février 1714 ; Jeanne, née le 3 décembre 1716, mariée le 11 février 1744 à Jacques Moinade ; Guillaume, né le 24 juillet 1718 ; Amable, né le 16 octobre 1723, marié le 22 février 1751 à Marie Chatagnier ; et Jean, né le 1er mai 1725. Sa mère ne lui survivra que peu de temps.

Amable doit se remarier. Il épouse Anne Pérol par contrat passé devant Maître Courtes à Aubière, le 1er février 1726. Cette deuxième épouse lui donnera deux enfants : Martin, né vers 1727 (lacune des BMS) (2), marié à Marie Decorps, le 10 février 1756 ; et Antoinette, mariée le 8 juillet 1760 à Jean Ranvier.



Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme – 5 E 44 167, 5 E 44 171 et 5 E 44 180.



Notes :

(1) – Rue à bout : c’est une impasse. Selon toute vraisemblance, il s’agit de l’impasse Job, aujourd’hui. La rue publique de midi est la rue du Verger.

(2) – B.M.S. : abréviation de Baptêmes, Mariages, Sépultures, retranscrits sur les registres tenus par les prêtres durant l’Ancien Régime (A Aubière, à partir de 1601).


© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)


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