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vendredi 28 mars 2014

Rue Saint-Jean

Histoire des rues d’Aubière

Rue Saint-Jean

La rue Saint-Jean est un autre trait-d’union entre la rue Emmanuel-Chabrier et la rue des Foisses. Courte rue après la rue Lafayette et avant la rue de la Bordeneau, notre prochaine étape, elle a été menacée (comme la plupart des rues portant un nom de saint) d’être débaptisée au profit d’un nom moins marqué par la religion, sous le mandat du maire Eugène Martin, entre 1935 et 1940. Elle devait s’appeler rue Massenet.

Borne de dîme Saint-Robert

Lorsque j’étais enfant, mon père y avait son poulailler et y garait l’énorme tracteur Deutz et la moissonneuse batteuse. Dans la cour poussait un majestueux mûrier, rappelant qu’autrefois, les Aubiérois élevaient le ver à soie… Sous le hangar qui abritait la moissonneuse, le fragment d’une borne de dîme soutient le mur nord. On l’appelle la borne Saint-Robert.

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière (Pierre Bourcheix)
Crédit photos : Pierre Bourcheix




jeudi 27 mars 2014

Le sous-préfet enquête…



Durant les dernières années du 1er Empire, en dehors des agitations politiques, au cours desquelles les Aubiérois avaient une réputation bien établie, il apparaît que toutes les nuits d’Aubière n’étaient pas toujours sereines. L’ordre public était parfois troublé, malgré les appels au calme réitérés par le maire à force d’arrêtés municipaux.

C’est ainsi que dans les nuits du 8 au 9 et du 11 au 12 mai 1811, on s’en prend à la vigne du maire et à un mur de clôture de Mr de Provenchères, gendre de feu le dernier seigneur d’Aubière…





Sur ordre du préfet du Puy-de-Dôme, et escorté de deux brigades de gendarmes, le sous-préfet, lui-même, se transporte à Aubière pour enquêter sur ces deux délits.



Les faits : d’une part, on a coupé douze cent ceps, ou environ, dans la vigne de Me Girard, Maire de la Commune d’Aubière, d’autre part, un mur de clôture, avec le portail, appartenant à Mr de Provenchères, propriétaire, a été renversé.



Enquête

Le sous-préfet se présente à la mairie où le maire Guillaume Girard, son adjoint Claude Planche, et tout le conseil est réuni. On reconnaît Antoine Cassière, François Fouilloux, Martin Moins, François Aubény, Jean Cougout, Amable Bourcheix, François Noellet, et Antoine Noellet.

Interrogé, « le Sieur Claude Planche, adjoint à la Mairie, nous a déclaré que les nommés Bertrand Pezant, âgé de 18 ans [1], Amable Jallut, même âge, Guillaume Roche, âgé de 24 ans, Antoine Beneix, âgé aussi de 24 ans [2], et Joseph Montagnon, conscrit de 1811 [3], dont le numéro n’a point encore été appelé, étaient soupçonnés d’être les principaux auteurs des délits commis chez Mr le Maire et chez Mr de Provenchères, et que les individus pouvaient être regardés comme les plus mauvais sujets de la Commune. »

Martin Moins, membre du Conseil, assure le sous-préfet que le nommé Guillaume Lonchambon, conscrit déserteur, lui avait dit que Roche et Beneix, dénommés ci-dessus étaient les auteurs des délits.

Hormis Antoine Cassière, qui ne peut infirmer ni confirmer ces affirmations, les autres membres du conseil approuvent la déclaration de l’adjoint Planche. Ils ajoutent que

1° Bertrand Pezant avait sa mère et sa sœur détenues en prison comme convaincues de vol ;

2° qu’Amable Jallut appartenait à la famille appelée "Pifra" [4], dont 5 individus étaient aux galères ;

3° que Guillaume Roche avait eu son père tué dans une cave en y volant du vin ;

4° que le père d’Antoine Beneix était mort aux galères ;

5° enfin que Joseph Montagnon était nommé comme voleur de profession.



Témoignage de Gabriel Valeix :

« dans la même nuit du 11 au 12, sur les deux heures du matin, étant couché dans son lit, il fut réveillé par des coups de pierre qui portèrent sur sa porte, qu’il se leva de suite et qu’étant accouru à l’endroit où on les dirigeaient, il avait reconnu et distingué les nommés Joseph Beneix, dit "Pacha", et Bertrand Pezant, accompagnés de six autres qu’il n’avait pu distinguer, qu’il avait de plus entendu le bruit occasionné par la chûte de deux pièces de bois adossées à sa maison et renversées dans le chemin par les dits Beneix et Pezant ; que voulant aller à leur poursuite il fut assailli au même moment à grands coups de pierres ; qu’il avait vu fuir une de ses pièces de bois par le dit Beneix et que l’autre le fâchait de ce qu’on ne la sciait pas à l’endroit qu’il avait marqué. C’est tout ce qu’il a dit savoir. »



François Fallateuf, tambour de la Commune, a déclaré : « avoir entendu du bruit dans la nuit du 11 au 12, que ceux qui le faisaient chantaient et jetaient des pierres çà et là, mais que les ténèbres ne lui ont pas permis de distinguer personne. »



Les cinq individus, excepté Guillaume Roche qu’on n’a pu trouver, présumés être les auteurs des délits, ont été aussitôt arrêtés par mesure de sécurité et de police, pour être conduits de suite par les gendarmes devant le Magistrat et déposés dans la Maison d’arrêt de Clermont.





Estimation des dégâts :

Le mur de Mr de Provenchères, « à l’aspect de nuit, de la longueur d’entour huit mètres et une hauteur de quatre mètres, dans lequel était un grand portail encadré de pierre de taille, avait été entièrement renversé et les pierres de taille cassées. Nous avons estimé cette réparation, après avoir entendu un homme de l’art, à la somme de quarante francs. »

La vigne de Mr le Maire, « où nous avons remarqué qu’environ 800 seps avaient été coupés. Nous avons estimé la valeur à cent cinquante francs. »



Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme - 2 Z 21.



© - Cercle généalogique et historique d’Aubière



[1] - Bertrand Pezant, né le 3 avril 1793, fils d’Annet, tailleur d’habits, et de Marie Babut. Cette dernière, ainsi que sa fille Marie, sont en prison en 1811, convaincues toutes les deux de vol.
[2] - Antoine Beneix, né le 20 juillet 1788, fils de Joseph et de Gabrielle Coherier. Son père Joseph est « mort aux galères » à Riom, le 10 août 1803.
[3] - Joseph Montagnon, né en 1791, fils de Michel et d’Antoinette Mazen. Tous sont célibataires au moment des faits. Dans les relevés de l’état-civil aubiérois, nous n’avons pu identifier ni Amable Jallut ni Guillaume Roche.
[4]  - Famille Pignol. Amable Pignol, dit Piffrat, marié en 1772 à Gilberte Finayre, et ses fils.



mardi 25 mars 2014

Annet Russias, mort pour la Patrie



Annet Emmanuel Russias est né le 24 janvier 1895 à Aubière. Il était le fils de Gilbert et d’Anne Fournier. Fils et petit-fils de tisserand, il était l’aîné de la famille et célibataire lorsqu’il partit au front.
C’est au soir de la veille de Noël 1917 qu’il tombe au cours d’un terrible combat qui oppose Français et Allemands au village de Bezonvaux, près de Verdun dans la Meuse. C’était le 24 décembre 1917.


Le 21 février 1916, le tonnerre des canons marque le début de la bataille de Verdun. Situé sur le secteur de Verdun, le village perdu par les troupes françaises le 23 février 1916 et repris le 16 décembre 1916 disparaitra totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands.
Quoique situé à proximité de la zone des combats, le village n'a été vidé complètement de ses habitants que le 15 février 1916, peu de temps avant que les Allemands ne le prennent d'assaut le 25 février. Le 25 novembre 1917, un sévère combat y oppose les Français et les Allemands. Après l'armistice, il ne restait pas un mur debout et les terres cultivables étaient labourées par de profonds trous d'obus dont beaucoup n'avaient pas explosé. Pour ces raisons, le territoire du village fut déclaré zone rouge.

Fiche de Annet Russias
(Site Mémoire des Hommes)
Bezonvaux en ruines


Bezonvaux, « village mort pour la France »
Cette commune ne possède aucun habitant. C'est l'un des neuf villages français détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'ont jamais été reconstruits. À la fin des hostilités, il fut décidé de conserver cette commune, déclarée « village mort pour la France », en mémoire des événements qui s'y étaient déroulés. La commune est aujourd'hui administrée par un conseil de trois personnes désignées par le préfet de la Meuse. Bezonvaux est voisin d'Ornes, village détruit et non reconstruit.

(Carte Michelin)
Bataille de Bezonvaux
Bezonvaux aujourd'hui
  

Sources : Mémoire des Hommes, Wikipédia et Archives communales d’Aubière

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière


vendredi 21 mars 2014

Transaction XIV (1788)



Ceci est valable pour toutes les transactions à suivre :
Pour faciliter les recherches des diverses contestations, nous avons ajouté un titre à certains paragraphes : ces titres sont en gras et en italiques.
Les notes ajoutées par le cercle généalogique et historique d’Aubière (C.G.H.A.) sont en italiques et entre {}.

Les droits seigneuriaux à Aubière
Recueil de documents concernant les contestations dont ils furent l'objet
(1422-1789)

XIV. - 1788, 16 décembre, Aubière. - Délibération de la municipalité d'Aubière décidant de payer au seigneur la taille de la Toussaint (1)

Toujours tendues ces assemblées, surtout
lorsqu'il s'agit de devoir payer...

[1] Aujourd'huy seize décembre mil sept cent quatre vingt huit assemblée extraordinaire de la municipalité d'Aubière a été tenue après avoir étés convoquée en la manière ordinaire, à laquel ont assistés Antoine Noellé, sindic, Antoine Janon, Antoine Cassière, Tousaint Gioux, François Noellet dit Baralle, Jean Cohendy, Annet Bourchex, Gabriel Fricaud et Ligier Bourchex.

[2] L'assemblée formée et lecture faite premièrement de la requette présentée à MM. les députés compozant la commission provincialle par M. d'Aubière, seigneur de cette parroisse, par laquelle il demande le rétablissement d'une imposition, qui avait été ordonné à son proffit et exécutée constament, jusque en l'anné mil sept cent quatre vingt six inclusivement, sur la communauté, de la somme de trente livres par anné à luy due pour taille de la Toussaint (2) <>en vertu de tittres enoncés dans cette (3) requette ; 2° de l'ordonnance de communication qui est au pied de la laittre d'envoy de M. Aubier de La Monteillie, procureur sindic du département (4) ; après avoir conféré de cette affaire et pris communication des tittres sur lequel M. d'Aubière fonde sa demande, pour en vérifier la légitimité. La matière mise en délibération, il a été arrêté, sous le bon plaisir de MM. de la commission provinciale et de departement, que, la redevance réclamée par M. d'Aubière étant rétablie sur tittres legitimes, les deux années d'arrerages qui lui sont due serront payées incessament sur les deniers patremoniaux de la communauté et que le service de la même redevance sera continué à l'avenir sur les mêmes fonds. En consequence, le receveur desdits denier patremoniaux et autorizé à en faire le payement (5) et les sommes qu'il y emploirat luy seront passées en depence dans ces comptes (6).

[3] Sans aucunement approuver, au surplus, les autres pretentions de M. d'Aubière sur la communauté, qui ont donnés lieu à l'opposition formée, le vingt sept may dernier, à la publication et admission de l'aveu et dénombrement de la terre d'Aubière par (7) luy fournie au roy (8), et sous toutes réserves.

[4] Fait et délibéré dans le chatau du seigneur d'Aubière, à cause du mauvais état actuel de la maison ordinaire de tenues d'assemblés, lesdit jour et an. Ceux qui ont sçu signer ont signés. Les autres ont declaré ne sçavoir signés, de ce enquis (9).
(Signé :) NOELLET. CASSIÈRE. JANON. BOURCHEX. CHIROL.

Annotations de la transaction XIV des droits seigneuriaux à Aubière :
(1) - A. Orig. A. c., Dél., 1e pagin., p. 10.
- B. Ampliation, papier libre : A. G. FF. 9, né 13
- édition de A avec recours aux variantes de B.
(2) pour taille abonnée appellée taille de la Toussaints R.
(3) une A.
(4) Dès le 14 déc., au reçu de cette lettre, la municipalité assemblée au chateau, avait décidé de " prendre communication des quitre (sic) relatif à la taille de la Tousain demander par le seigneur " (Dél., 1re pagin. p. 9). Le lendemain 15, nouvelle assemblée dans la maison du greffier de la municipalité : Amable Girard, notaire, est délégué pour prendre communication desdits titres à Clermont, chez l'abbé Aubier, procureur syndic du bureau intermédiaire (ibid., p. 9).
(5) payemement .4.
(6) Au pied de B se trouve la quittance suivante : " Reçu d'Antoine Nouellet, sindic de la municipalité d'Aubière, la somme de 60 l. pour 2 années d'arreyrages de taille appelée de Toussaing dus à M. d'Aubière chaqu'année, sans préjudice de la courante. Ce 30 décembre 1788. (Signé :) DESRIBES ".
(7) pour A.
(8) Le délibératoire du 27 mai 1788 est analysé dans les termes suivants sur le bordereau des pièces soumises à l'intendant en vue d'en obtenir l'homologation (A. D., 1C. 1917, n° 2 ; éd. partielle : Rouchon, Inv. somm. C, II, 153) : " délibératoire portant arrêté de former opposition à l'aveu et dénombrement fourni au roi par le seigneur d'Aubière et notament quand aux articles :
1° que le seigneur d'Aubière n'est pas propriétaire de l'emplacement qu'il appelle Jeu de quille ; il y a compris des chemins et un tènement dont la marguillerie a joui de tout tems ;
2° la prétendue taille de la Toussaint. le droit suposé sur le quart des arbres morts sur les bords des ruisseaux. la prétention de la dixme des agneaux, de 2 s. par chaque chèvre y sont tout autant de nouveautés pour les habitans ".
Dans l'hommage de Guillaume André pour sa seigneurie d'Aubière (9 avr. 1723), elle est dite consister " en une justice haute, moyenne et basse, chasteau. cens, rentes, dixmes, quart et tiers des fruits des arbres fruitiers et non fruitiers, quarts des mayères et autres bois et tous autres droits et devoirs seigneuriaux " (Arch. nat. p. 508. p. 120 : cf. hommage analogue par Jean André, seigneur d'Aubière, 29 déc. 1730 p.510, p. 73 : communication de M. J. Monicat).
(9) Il est à remarquer que le seigneur d'Aubière. membre de droit de la municipalité (Isambert Recueil, XXV EII, 367) et qui assiste généralement à ses réunions (cf. Dél., 1re pagin., p. 1, 2, 3, 5, 6, 7, 16, 17), n'assiste pas à celles des 14, 15 (cf. note 4), 16 déc. et 11 janv. 1789 (cf. XV).



Vers Transaction XIII   <>   Vers Transaction XV