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jeudi 11 décembre 2014

L’irrésistible appel de la mort



Si les familles Baille (ou Bayle) et Mazen font parties de celles que l’on connaît à Aubière depuis le XIVème siècle, elles n’en échappent pas moins aux dures lois de la vie et de la mort. Jacquette Mazen d’abord : veuve deux fois, elle n’a pas cinquante ans lorsqu’elle fait sont testament et trépasse. Sa fille, Michelle Baille, elle, a moins de vingt ans lorsqu’en l’espace de 33 jours, elle doit dicter deux testaments, et succomber dans les jours qui suivent l’inhumation de sa mère !
Les deux étés caniculaires de 1604 et 1605 n’y sont sans doute pour rien ; mais il y a des cas isolés de peste noire, en ce début de XVIIème siècle. L’absence des registres paroissiaux en ces années ne nous le confirmeront pas, mais les prêtres d’Aubière, à notre grand regret, n’ont jamais été prolixes dans ce travail, que l’on peut qualifier d’administratif. Reste qu’il est difficile en ces temps-là d’ignorer longtemps l’irrésistible appel de la mort…

L’ascendance de Jacquette Mazen est des plus succinctes : on ne connaît que son père, Michel Mazen. Rien sur sa mère ; mais on lui connaît un frère, Michel, qui épouse par contrat, le 9 décembre 1586, Martine Bourcheir (1). Quatre jours plus tard, c’est à Jacquette de passer devant le notaire pour son contrat de mariage avec Anthoine Baille. Nous sommes le samedi 13 décembre 1586. Et là, on apprend que la future épouse est veuve d’un certain Estienne Ameil, mort sans doute depuis tout au plus quelques mois, sans avoir laissé de descendance.
L’année 1586 est la première année d’exercice de maître Guillaume Aubeny, premier notaire royal connu à Aubière. Si contrat de mariage il y a eu, entre Estienne Ameil et Jacquette Mazen, il faut le chercher chez un notaire de Clermont ou d’ailleurs. Nos recherches n’ont pas abouti, pour l’instant, mais vous comprendrez que c’est un travail colossal et de longue haleine…
Jacquette Mazen mettra deux filles au monde, entre son mariage et février 1590 : Anna et Michelle Baille. On ne sait pas dans quel ordre (les registres paroissiaux n’apparaissent qu’à partir de 1601 à Aubière). Il n’empêche, elles sont toutes les deux mariées avant 1605. Anna avec Martin Deperes ; Michelle avec Jehan Longchambon.
Il faut dire que le 21 février 1590, Jacquette, veuve d’Anthoine Baille, contracte son troisième mariage, celui-là avec Bonnet Cellerier, fils à feu Guillaume. Le contrat ne dit pas s’il est veuf ou pas. Sont cités : Jehan Martin, marguillier de l’église Saint-Martin d’Aubière ; Jehan Cellerier, frère du futur époux ; Michel Mazen, frère de la future épouse ; et messire Anthoine Constantin, prêtre de ladite paroisse d’Aubière soussigné (2). On ne connaît pas les circonstances ni la date de la mort d’Anthoine Baille.
Bonnet Cellerier et Jacquette Mazen auront un fils, né avant 1600, prénommé Jehan, qui se mariera par contrat à Aubière avec Jehanne Vedel, le 14 janvier 1626 (3).

Testament du 7 octobre 1605 de Michelle Baille
(5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme)

A cette époque à Aubière, il n’y avait point de médecin ni de mire, et les seules apothicaires étaient ces femmes qui connaissaient les vertus des plantes. Lorsque ces dernières étaient inefficaces et que sa santé imposait que l’on reste alité, chacun savait reconnaître l’appel de la mort. Le notaire était alors appelé pour rédiger sous la dictée du malade un testament.
C’est ainsi que maître Guillaume Aubeny, le notaire, se présente chez Michelle Baille, la jeune épouse de Jehan Longchambon, en ce vendredi 7 octobre 1605 peu avant midi. Bien sûr, Michelle a remis son âme à Dieu, et elle a demandé que son corps soit mis en terre, sous les dalles de l’église Saint-Martin (la plupart des gens qui ont un peu de bien se font inhumer dans l’église, en ce début de XVIIème siècle à Aubière. Seuls les pauvres sont enterrés dans le cimetière) ; puis, « elle a légué audit [Jehan] Longchambon son mary une maison au quartier de la Quaire, plus un petit pré au terroir de la Saigne, jouxte le pré de Guillaume Noellet et le pré de Jacques Gioux… » Citée : Jacquette Mazen, sa mère. Témoins : Anthoine Aubeny laisné, Estienne Chastanier, Jacmet Ribeyre, Jehan Gioux, Estienne Thévenon, et Hugues Dumolin soussigné (4). Apaisée, elle attend que la mort l’emporte…
Il se trouve que les jours passent et même qu’elle se sente mieux, au point de pouvoir se lever. A l’approche de la Toussaint, Michelle est au chevet de sa mère, Jacquette Mazen, et tente de la soigner de son mieux.

Testament du 31 octobre 1605 de Jacquette Mazen
(5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme)

En désespoir de cause, Jacquette Mazen « estant dans son lict, mallade de malladie corporelle, fait son testament. Elle veut être inhumée dans l’esglize d’Aubière au thombeau de ses prédécesseurs. Elle donne et lègue à Bonnet Cellerier son mary la somme de vingt huict livres tournois, une maison située à Aubière, au quartier de la Quaire, jouxte la rue commune d’une part, et l’aize dud. Bonnet Cellerier d’autre ; laquelle portion de maison led. Cellerier avait acquize par permutation de Guillaume Deperes, en échange d’une terre située dans lad. justice au terroir de Mareschalle. […] Donne et lègue aud. Cellerier son mary une vigne de cinq heuvres, située dans la justice d’Aubière au terroir de Mallemouche, jouxte la vigne de Guillaume Dégironde d’une part, la vigne de Jacques Martin d’autre ; plus une terre de cinq quartellées, située dans la justice d’Aubière et au terroir du Cézot, joignant au chemin commun allant d’Aubière à Clermont d’une part, la terre de François Dautour d’autre. […] Elle donne et lègue à la Charité d’Aubière (5) une heuvre de vigne, située dans lad. justice et au terroir de la Font Sainct Martin, jouxte la vigne de Guillaume Dégironde d’une part, et la vigne de Bonnet Chastanier d’autre… ». Citée : « Michelle Baille, femme à Jehan Longchambon, et sa fille naturelle et légitime de feu Anthoine Baille, son premier mary… ». Témoins : Michel Dégironde jeune, Pierre Chassignoles, Jehan Biard, Jehan Fallateuf, Jacques Legay, Martin Deperes, son gendre, et Me Hugues Dumolin soussigné, tous d’Aubière. Nous sommes le lundi 31 octobre 1605 (6). On apprend sa mort dans le second testament de sa fille Michelle Baille.

Testament du 9 novembre 1605 de Michelle Baille
(5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme)

En effet, Michelle s’alite à nouveau peu après les fêtes de Toussaint et convoque le notaire, le 9 novembre 1605, pour son second testament. Au début de l’acte, le notaire est très clair : « Michelle Baille, fille à feu Anthoine et de feue Jacquette Mazen, mariée avec Jehan Longchambon ». Jacquette Mazen a donc expiré entre le 31 octobre et le 9 novembre (7). Son époux, Bonnet Cellerier, se remariera deux fois, dès janvier 1606 et en novembre 1614 ; mais c’est une autre histoire…
Michelle Baille lègue à sa sœur, Anna Baille, femme à Martin Deperes, et à Jehan Longchambon son mary. Témoins : Pierre Decors, Estienne Chastanier, Jacmet Gioux, Jehan Fallateuf, Jacques Gioux, fils à feu Guillaume, Ligier Chabosy, et Estienne Bourrand, tous d’Aubière. (8)

C’est dans une transaction du 25 juillet 1606 que l’on apprendra le décès de Michelle Baille et la confirmation de celui de sa mère, même si la notion de temps semble très élastique pour le rédacteur de l’acte. Cette transaction se fait entre Martin Deperes, mari d'Anna Baille, et Jehan Longchambon, mari de feue Michelle Baille. « Pour une vigne située au terroir de la Bade, jouxte la vigne de Guillaume Dégironde d'une part, la chalme vaccante d'autre, et la vigne de Bonnet Chastanier d'autre partie ». Il est aussi question d'une « autre vigne, aussi d'une heuvre, située au terroir de Mallemouche, joignant à la vigne de Michel Dégironde d'une part, la vigne de François Arnaud d'autre, et la vigne d'Anthoine Ramen d'autre ». Cités : « Chatard Vedel, au nom de père et légitime administrateur de ses enfants et de feue Guillauma Chavaignat, sa femme quand vivait, et François Chavaignat, enfant et héritier de feue Marie Ameil leur mère ; lad. Marie héritière de feu Estienne Ameil son frère, d'une part ; Anna Baille, femme à Martin Deperes, feue Michelle Baille sa sœur, femme à Jehan Longchambon, et feue Jacquette Mazen leur mère, décédées depuis six ou sept mois, d'autre part ». Témoins : Jehan Pyronnet soussigné, et Michel Dégironde jeune dudit Aubière. (9)

Notes :
(1) – Contrat de mariage passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 1 – Archives départementales du Puy-de-Dôme.
(2) – Contrat de mariage passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 5 – Archives départementales du Puy-de-Dôme. Messire Anthoine Constantin n’est pas le curé d’Aubière, mais fait partie de la communauté des prêtres aubiérois en tant que « communaliste ». Vous lirez avec intérêt les articles dont voici les liens : La paroisse Saint-Martin d’Aubière ; Le curé et les consuls ; Donation pour un prêtre filleul.
(3) – Contrat de mariage passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 41 – Archives départementales du Puy-de-Dôme.
(4) – Testament passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 20 – Archives départementales du Puy-de-Dôme.
(5) – La Charité d’Aubière : c’est une des confréries d’Aubière dont la mission est de secourir les pauvres. Il en existe une dizaine à Aubière à cette époque ; elles vivent des revenus des biens qu’on leur lègue et des autres dons qu’elles reçoivent.
(6) – Testament passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 20 – Archives départementales du Puy-de-Dôme. Il existe deux documents pour ce testament dont le premier (date illisible) découvert dans l'acquisition de Pierre Disseranges, tixerand, par son frère François Disseranges, en date du 1er mars 1605.
(7) – Lacune dans les Registres paroissiaux : l’année 1605 n’existe pas.
(8) – Testament passé devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 20 – Archives départementales du Puy-de-Dôme. Michelle Baille est morte sans descendance.
(9) – Transaction passée devant Me Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, 5 E 44 21 – Archives départementales du Puy-de-Dôme. Un acte où l’on retrouve toute la parentèle de feue Jacquette Mazen : son premier époux, Estienne Ameil ; François Chavaignat, son neveu, fils de sa belle-sœur, Marie Ameil, et époux de Marguerite Cellerier, sa nièce, fille du frère de son troisième époux Bonnet Cellerier ; et, bien sûr, ses gendres : Martin Deperes et Jehan Longchambon. Parmi eux, ai-je des ancêtres ? Oui : d’abord le couple Anthoine Baille (Sosa n°8666) et Jacquette Mazen (Sosa n°8667) ; leur fille Anna et son mari Martin Deperes ; Jehan Cellerier (Sosa n°4678) ; son épouse, Marie Aubeny ; leur fille, Marguerite Cellerier et son époux, François Chavaignat…

Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)

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mardi 9 décembre 2014

Rue du 8-Mai



Histoire des rues d’Aubière

Rue du 8-Mai


La rue du 8-Mai prolonge la rue Saint-Vincent, traverse la rue Casati pour aboutir à la rue Roger-Astier. Elle transperce ainsi du sud au nord le quartier des Cités Michelin, tout comme la rue Marcel-Michelin.

Il s’agit, bien sûr, du 8 mai 1945, jour de l’Armistice de la Guerre 1939-1945.

© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière (Pierre Bourcheix)

Rue précédente   <>   Rue suivante


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jeudi 4 décembre 2014

Les maisons de vos ancêtres_05



Grâce à la publication du terrier de 1764, ou Terrier Tiolier, vous pouvez retrouver la maison, grange ou cuvage de vos ancêtres dans le bourg d’Aubière.
Vivaient-ils dans le même quartier ou dans la même maison deux siècles plus tôt ?
Un moyen de le savoir : étudier les actes notariés du début du XVIIème siècle ! Vous apprendrez ainsi où ils habitaient, depuis quand ils vivaient dans tel ou tel quartier, peut-être même la date de l’achat de la maison… Mais ce n’est pas toujours facile.
Je publierai régulièrement sur ce blog, au fur et à mesure de mes lectures des actes notariés d’Aubière, le résultat de mes recherches.

Le dernier trimestre de l’année 1605 nous offre plusieurs occasions, à travers des testaments, des échanges et même un partage, de repérer des maisons dans trois quartiers différents. Entre les maisons, et à l’abri des murailles, apparaît un jardin… à viande !


Au quartier de la Quaire
C’est d’abord dans le testament de la fille, daté du 7 octobre 1605, que nous trouvons une maison. Il s’agit de Michelle Baille, fille d’Anthoine et de Jacquette Mazen (qui testera trois semaines plus tard) : « Elle a légué audit Longchambon son mary une maison au quartier de la Quaire… ». (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 - A.D. 63).

Celui qui reçoit cette maison est Jehan Longchambon.

Au quartier de la Quaire
Le 31 octobre suivant, c’est au tour de la mère, Jacquette Mazen, de se sentir partir au point de faire son testament. « Elle donne et lègue à Bonnet Cellerier son mary une maison située à Aubière, au quartier de la Quaire, jouxte la rue commune d'une part, et l'aize dud. Bonnet Cellerier d'autre ; laquelle portion de maison led. Cellerier avait acquize par permutation de Guillaume Deperes, en échange d'une terre située dans lad. justice au terroir de Mareschalle ». Sa fille est citée ; elle a donc survécue à la maladie qui avait provoqué son testament du 7 octobre : « Michelle Baille, femme à Jehan Longchambon, et sa fille naturelle et légitime de feu Anthoine Baille, son premier mary… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 - A.D. 63).

Nous aurons l’occasion prochainement de reparler de cette famille.

Au quartier de la Font
Une permutation du 29 novembre 1605 nous permet de repérer plusieurs maisons au quartier de la Font. Jacques Aubeny échange avec Jehan Tailhandier : « une maison dans le lieu d’Aubière, au quartier de la Font, jouxte la rue commune d’une part, le mur dud. Aubière d’autre, la maison de Jacques Cladière par sa femme d’autre, et la maison de Me Anthoine Rogeyron par sa femme d’autre partie… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 - A.D. 63).

La femme de Jacques Cladière est Anna Taillandier.

Au quartier du Verdier
Nous nous retrouvons au quartier du Verger pour le partage du 9 décembre 1605 entre Michel Disseranges et Agnès Brunet, veuve de François Disseranges. Dans la part de Michel Disseranges, il y a « un jardin situé dans le lieu d’Aubière, quartier du Verdier, jouxte la grange dud. Michel Disseranges d’une part, la maison de Mathieu Sudre par sa femme d’autre partie »… (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 - A.D. 63).

Au quartier du Verdier
Restons dans le même quartier et dans la même famille, mais là l’épouse de Michel Disseranges, Jehanne Tixier, est partie prenante. C’est une permutation du 31 décembre 1605. Les époux Disseranges vont recevoir une vigne à Mallemouche de Michel Dégironde jeune, contre « un jardin à viande, situé dans le lieu d'Aubière, au quartier du Verdier, jouxte la maison dud. Disseranges de jour d'une part, le mur dud. Aubière de midy, le pressoir de la maison de Jacques Martin d'autre, et la maison et aizes d'Annet Vaury d'autre partie » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 - A.D. 63).

Un jardin à viande est, au sens large, un jardin potager. A cette époque, le mot « viande » désigne toute nourriture, aliment, ou mets : « la viande qu’ils aiment le mieux sont les febves » (Thevet).

Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)

Retour vers Volet 4

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jeudi 20 novembre 2014

Les maisons de vos ancêtres_04



Grâce à la publication du terrier de 1764, ou Terrier Tiolier, vous pouvez retrouver la maison, grange ou cuvage de vos ancêtres dans le bourg d’Aubière.
Vivaient-ils dans le même quartier ou dans la même maison deux siècles plus tôt ?
Un moyen de le savoir : étudier les actes notariés du début du XVIIème siècle ! Vous apprendrez ainsi où ils habitaient, depuis quand ils vivaient dans tel ou tel quartier, peut-être même la date de l’achat de la maison… Mais ce n’est pas toujours facile.
Je publierai régulièrement sur ce blog, au fur et à mesure de mes lectures des actes notariés d’Aubière, le résultat de mes recherches.

Les actes notariés : une source d’informations incomparable ! Pour cette quatrième chasse aux maisons et autres granges nous ferons un retour en arrière, en 1586, avec les actes de maître Guillaume Aubeny, notaire royal à Aubière, puis en 1587, dans l’office notarial de maître Amable Reynaud, notaire royal à Clermont, avant de reprendre avec maître Guillaume Aubeny.

Au quartier du Verdier
Le testament du 2 février 1586 d’Annet Ramain (ou Rancon), « malade de maladie corporelle », nous apprend beaucoup de choses sur cette famille Ramain borias ou boriage qui vivait au quartier du Verdier. « …Il lègue à Jehanne Goye sa femme, une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant une autre maison aud. testateur de midy d’une part, la rue à bout d’autre, le chezal dud. testateur d’autre de bize, et la maison des hoirs de feu Jehan Feulhade d’autre partie ; plus a donné et lègue à Blaize et François Ramain ses enfants, une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier du Verdier, joignant à la maison cy dessus de bize d’une part, la maison de François Carmantrand de midy d’autre, la rue ou passaige à bout d’autre de nuict, et la maison des hoirs de feu Jehan Esclany de jour, et lad. maison ; de laquelle maison led. testateur a donné et lègue aud. Michel son fils aisné un chezal situé dans led. lieu d’Aubière et aud. quartier du Verdier, joignant à la maison cy dessus de midy, la rue ou passaige à bout d’autre, le jardin d’Anthoine Charrier d’autre, et la maison d’Annet Gioux d’autre… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 1 – A.D. 63).

Ramain, Ramen, Ramay ou Rancon : selon les époques, même rapprochées, et les notaires, même contemporains, on trouve ce patronyme sous diverses formes. Après avoir brassé ces dernières sur près d’un siècle, on peut sans aucun doute affirmer qu’elles forment un seul et même patronyme. En 1586, on connaît peu de choses sur cette famille qui devient aubiéroise aux alentours de 1500. Par d’autres actes plus anciens (1530 et 1548), nous savions qu’Annet Ramain avait un frère Jehan ; leur père est même cité sans être nommé (dommage !). En 1586, si on connaît les enfants d’Annet, on ne lui connaît pas alors d’épouse. Ce testament va être très révélateur ! Son épouse, au moment de son testament, est citée : il s’agit de Jehanne Goye, prénommée également dans le même document Amable. On apprend aussi cela : « Michel Ramain, son fils aisné, du premier lict, d’Anthoinette Fosson, sa première femme… Et Blaize et François Ramain, ses aultres fils, de Marthe Gaultier, sa seconde femme… » D’un coup, d’un seul, nous lui découvrons trois épouses ! Curieusement, ce testament ignore complètement ses deux filles, Françoise et Anna. En revanche, on parle de « Gabriel Legay, son beau frère ». Françoise Fosson, sœur de sa première épouse Anthoinette Fosson, avait effectivement épousé Gabriel Legay (déjà mentionné dans le Volet 3).
La rue ou « passaige à bout » est l’actuelle impasse Job dans le quartier du Verger.

Au quartier de la Font
Annet Ramain sort indemne de sa maladie puisqu’un an plus tard il fait une donation entre vifs : lui-même et son fils, Blaize. Nous sommes le 14 janvier 1587. « Annet Rancon [Ramain ou Ramen], laboureur d’Aubière, en reconnaissance des bons et agréables services à luy faicts par Blaize Rancon son fils, laboureur dudit lieu, pour l’amitié paternelle qu’il luy porte, car ainsy luy plaict de son bon gré et franc vouloir, a donné par ces présentes à tiltre de donation faicte entre vifs, une grange couverte de pailhe, et jardin tenant ensemble avec leurs droicts et appartenances quelconques, situés dans la justice dud. Aubière et au terroir de la Font, joignant la voye commune de midy, la grange de Michel Bellard de jour, le ruisseau [béal] du molin [moulin] du Sgr d’Aubière de bize, et le jardin de Guilhaume Noellet de nuict ; plus une vigne… » (Me Amable Reynaud, notaire à Clermont, 5 E 11 1121 – A.D. 63). Il est intéressant de noter qu’en 1587 le futur quartier de la Font (ou Fontaine) n’est encore qu’un terroir, au moins pour le notaire Reynaud…

Au quartier de la Place Fauchère
Notre chasse nous fait entrer pour la première fois dans le quartier de la Place Fauchère, située entre le château et l’église d’Aubière. Cette occasion est provoquée par le testament du 7 mai 1591 d’Anthoinette Charrier, veuve de feu Jehan Feulhade. Cette dernière lègue à Clauda Chastanier, femme à Pierre Martin, « une maison située dans le lieu d’Aubière et au quartier de la Place Fauchère, joignant à la maison et cuvaige de Me Jacques Dumolin, greffier d’Aubière, d’une part, le cuvaige de lad. testatrisse d’autre de midy, et la rue commune de jour […]. Elle lègue et donne à Jehan et Jacques Chastanier frères, un cuvaige estant au dos de lad. maison donnée et léguée à lad. Clauda Chastanier, joignant à deux rues communes de deux parties, et lad. maison donnée à lad. Clauda. » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 6 – A.D. 63).

Au quartier du Chasteau
Coincé entre l’enceinte du château à l’ouest, et le quartier de la Quaire à l’est, ce quartier se situe au nord du bourg fortifié. Nous y entrons pour assister à une donation originale entre un père et son fils, lequel se destine à la prêtrise. Vous lirez avec intérêt le billet traitant d’une donation pour un prêtre filleul. Cette donation du 2 mars 1594 a l’air d’un brouillon, et elle est particulièrement difficile à déchiffrer, tellement maître Guillaume Aubeny, le notaire, s’est ingénié à en bâcler la rédaction. « Guillaume Noellet, laboureur d’Aubière, considérant les bons et agréables services, amour et hobéissance (sic) filiale de François Noellet, son fils naturel et légitime, et d’Halips Esclany sa femme, a vollu, par l’amitié paternelle qu’il luy porte, luy donner les moyens de l’estat de prestrize auquel, avec l’ayde de Dieu, il aspire, et affin qu’il ne tombe en mandicitté, et luy a donné par donation faite entre vifs, une maison et sa cave estant au dessous, située dans le lieu d’Aubière, et au quartier du Chasteau, jouxte la maison des hoirs de Barthélemy Reddon d’une part, la maison de Jacques Brolly d’autre, et deux rues communes d’aultres deux parties… » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 9 – A.D. 63).

Extrait de la donation d'Halips Fontfreyde du 27 août 1605
(5 E 44 20 - Archives départementales du Puy-de-Dôme)

Au quartier du Roudeix
Encore un quartier dans lequel on pénètre pour la première fois : le quartier du Roudeix, que l’on trouve aussi sous les formes graphiques de Roudet, Roudeir, Rodier, Rodeir ou Rodeyr… Autrement dit le quartier du charron qui pouvait être aussi forgeron [voir Le feu aux poutres].
Après deux testaments, nous ouvrons une troisième donation entre vifs, celle d’Halips Fontfreyde, en date du 27 août 1605. « Honneste femme Halips Fontfreide, veufve de Blaize Tailhandier, vivant marchand de Clermont, considérant les bons et agréables services de Victor Tailhandier son fils et dud. defunct, luy a donné et donne par donation entre vifs, […] un cuvaige, colombier, chambres et estable au dessous, joignant le tout ensemble, aussi avec leurs aizes et appartenances, situés dans le lieu d’Aubière, au quartier du Rodeyr, siné dessous le four, jouxte le mur dud. Aubière d’une part, le cuvaige et grange de Jehan Chastanier par sa femme d’autre, la rue commune d’autre, et la maison de … [un blanc] avec le passaige à bout d’autre partie » (Me Guillaume Aubeny, notaire à Aubière, 5 E 44 20 – A.D. 63). Nous avons confirmation, s’il en est besoin, que le four est proche du quartier du Roudeix, lui-même situé entre l’enceinte est du bourg et l’actuelle rue Bérenger prolongée par l’actuelle rue Voltaire, au centre duquel quartier se trouvait le trou du Roudeix, démoli il y a un peu plus de quarante ans.

Ces Tailhandier ont fait fortune à Clermont. Un des fils de feu Blaize et de Halips Fontfreyde fera sa vie à Aubière où il exercera la profession de laboureur-vigneron.
La femme de Jehan Chastanier est Anna Salignat.

Sources : Archives départementales du Puy-de-Dôme.

© - Cercle généalogique et historique d’Aubière (Pierre Bourcheix)

Vers Volet 3 ou Volet 5

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