Actualités


vendredi 29 mars 2013

Le papier, « denrée » de première nécessité



Le 15 floréal an second (4 mai 1794), les municipalités reçoivent du district l’injonction, à peine voilée, que tous les citoyens de 14 ans et plus devront fournir une livre de vieux linge.
Le papier est rare, et l’administration révolutionnaire est grande consommatrice de cette « denrée ».
Citoyens, débarrassez-vous de vos chiffons !



 
(Archives communales d'Aubière)





Citoyens,



         Le papier étant un des objets de première nécessité, le Comité de salut public pour en ranimer la fabrication et la rendre plus considérable, a arrêté, le douze Germinal dernier (1er avril 1794), que tous les citoyens seraient tenus de fournir par tête une livre de vieux linge d’ici au premier Prairial prochain (20 mai 1794), excepté ceux qui n’ont pas atteint l’âge de 14 ans, ou qui ne sont pas imposés au rôle de la contribution mobiliaire. Il compte sur l’empressement de tous les citoyens à consacrer aux besoins des manufactures et du commerce des objets très peu utiles à ceux qui les possèdent, et dont chaque famille est plus ou moins fournie ; il espère également que plusieurs donneront au-delà de ce que l’arrêté demande.

         Nous joignons ici des modèles d’état dont les colonnes vous paraîtront faciles à remplir ; vous voudrez bien nous les faire passer sans délai et faire conduire et transporter à l’administration du district, la quantité de chiffons que vous aurez receulis (sic) dans votre Commune, le montant d’iceux sera remboursé sur le champ à ceux qui l’exigeront.

         Nous vous prévenons, Citoyens, que les états doivent être envoyés à la commission des subsistances dans les dix premiers jours du mois prochains ; s’il arrivait que quelque Commune ne nous les eût pas fait passer à cette époque, nous serions forcés d’en prévenir la commission, et lui faire connaître celle en retard.

         Nous espérons de votre zèle, que vous ne perdrez pas un instant de vue cette opération, et que vous nous mettrez à même de faire connaître à la commission des subsistances le produit de cette recherche si utile aux manufactures de papier.

         Salut et Fraternité.



Sources : Archives communales d’Aubière.



La rareté et la cherté du papier expliquent que, parfois, les curés sur les registres paroissiaux, ou les notaires sur les minutes des actes mais surtout sur les grosses, écrivaient petit, même dans les marges, et dans tous les sens !




mardi 26 mars 2013

Journal économique de Jean-Baptiste André - 54



1790-1842



Toutes les semaines retrouvez ce document inédit exceptionnel

Le Journal économique du fils du dernier seigneur d’Aubière



Épisode 54

Février 1797





Février 1797

[Page 57]



Prix des denrées : froment vendu 15£ ; conseigle vendu 14£ ; orge 9£ ; vin vendu 6£



1- J’ai passé bail de ma vigne de Noyers devant Ducrohet, notaire à Lempdes, pour douze années consécutives, à Léger Brun, Etienne Berthet, Michel Bourbon et Pierre Bourbon, Antoine Baux, François et Blaise Galabrut, mes fermiers de Noyers. Ces deux derniers n’y sont compris que pour dix œuvres à prendre séparément. Le bail est au quart des fruits et ils doivent de plus me donner 400£ argent, payer toutes les impositions, et arracher la première année un cinquième de la vigne et cinq après un quinzième. Les mêmes clauses et réserves que celles qui sont portées par l’ancien bail, à l’exception qu’ils ne payent rien pour la conduite. Ce sont les mêmes qui ont déjà joui pendant neuf ans.





2- J’ai fait planter borne (sic) à la vigne de Neyrat, entre Mr de Trémiol et moi, et aussi avec les cotenanciers qui me payent la rente. On a pris pour ceux-ci des experts de Montferrand.



3- J’ai fait exploiter à Noyers des ormeaux pour faire les tirans (1) de ma grange, au nombre de neuf ; j’en ai fait aussi couper pour faire un pressoir. Parmi les tirans, il s’en est trouvé trois qui étaient creux dans le haut, de manière que ceux-là ne pourraient guère porter que trente pieds, tandis que les autres en portent plus de quarante. Je pourrai les vendre et en acheter de sapin.



4- J’ai acheté de Rouveix, charpentier, des croutes de bois de chêne pour faire le parquet de la salle à manger ; j’en ai donné le prix fait à Joseph Verdier, moyennant 17£ la toise. Il y en aura dix toises ou environ. Ces croutes me coûtent 25 sols pièce. Les lames portent … [en blanc] pouces, on en a employé … [en blanc].



5- Henri Rigaud, à qui j’avais affermé le Domaine d’Aubière, étant dégoûté d’y aller, nous avons pris le parti, Chardon et moi, d’accepter son département (2) ; en conséquence, il jouira à moitié les terres qu’il a ensemencées la présente année, et payera sur les terres les deux thiers de la taille. Il a donné six cents livres pour la jouissance des regains de l’année dernière et nous lui avons fait remise du surplus à raison de la non jouissance des dernières herbes qui avaient été pacagées par les bestiaux de la commune. A l’égard de la taille qu’il devait pour ces regains, nous lui avons tenu quitte à la charge de défricher et ensemencer sans néanmoins fournir la semence. Le sainfoin de la garenne et une bande tout le long du chemin et la mayère qui a été faite dans la garenne le long du ruisseau me demeurera dans l’état où elle est. Le département a été donné.



6- J’ai donné à Mr Leblanc les nos 7, 10, 24, 36, 55, 86, 94 et 87 des contrats d’Aubière pour faire assigner ceux qui les doivent.



7- J’ai affermé à Pierre Doyen, charron, le bâtiment neuf des lessivières des Ramacles, au nom de ma sœur cadette, et ce pour trois années, moyennant la somme de soixante livres par année, à la charge de donner un mois de temps pour sortir ce Jean Durand qui en occupé (sic) une partie.



8- J’ai affermé à Jean Dégironde la coupat, Jacques Pignol, Michel Janon, Jean Montel, François Dégironde dit laire, Jean Jallut et Guillaume Villevaud, pour le compte de ma sœur, toute l’herbe de la garenne et à la charge d’y laisser pacager une vache après les regains, moyennant la somme de soixante douze livres par journal, payables à la foire des Provisions.



9- J’ai payé à Mr d'Ennezat sa rente au principal de 14.000£, qui lui était due depuis deux ans. Je lui ai payée en numéraire toute la dernière année et moitié de la première avec retenue du dixième sur la première, et du cinquième sur la seconde ; à cause de l’incertitude des payements, il ne m’a donné qu’une quittance à compte.





Annotations de Pierre Bourcheix :

(1) – Tirans : lire tirants. Plans inclinés qui permettent d’atteindre avec une charrette chargée de foin, la porte ouverte d’un fenil situé sur une grange. Dans un pressoir, pièces de bois fixées au sommet des jumelles pour maintenir leur écartement.

(2) – Département : Dans le Puy-de-Dôme, département ne s’emploie guère qu’en matière de congé de bail : « le propriétaire lui a donné son département ».








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dimanche 24 mars 2013

Une rosière nommée Leslie

Leslie Leite-Vieira élue Rosière 2013

Leslie, entourée de ses deux dauphines :
Stéphanie Martinez, à gauche, et Lauriane Bouvier, à droite.

Sur le thème du cinéma...

On défile dans les rues d'Aubière...

Clin d’œil

L'association de sauvegarde des caves d'Aubière
a choisi les Dalton pour s'échapper
de leurs cachots caveaux souterrains...

vendredi 22 mars 2013

Registre d’audience du Bailliage d’Aubière_05



commencé le 6 avril 1767

Cet épais registre rassemble les jugements rendus à Aubière par le bailly Thoury entre 1767 et 1780.

Le bailli était, dans l'Ancien Régime français, le représentant de l'autorité du roi dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. La juridiction en charge d'un bailli s'appelle un bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal et la circonscription la sénéchaussée.
Mais il s’agit ici du bailliage seigneurial d’Aubière (les baillis royaux ayant perdu leur pouvoir au XVIème siècle).

Le notaire Thoury, bailli seigneurial d’Aubière, était néanmoins conseiller du roi en la ville de Clermont-Ferrand. C’était en quelque sorte un juge de proximité au service du seigneur d’Aubière.

Des lunettes pour prendre des pigeons !

27 février 1769, sans doute averti (par pigeon voyageur ?) par une victime restée anonyme, le procureur d’office d’Aubière dresse procès-verbal contre Guillaume Noellet dit Grand maison (1).
Mais qu’a-t-il donc fait ? A la lecture du procès-verbal, j’en déchausse mes bésicles !
Près de sa grange, hors les murs, se dresse le colombier de Guillaume Noellet Grand’maison. Le drôle, que dis-je, le coquin de Guillaume en a équipé l’ouverture, tel un œil de cyclope, de… lunettes ! Dans le but – le croiriez-vous ? – de piéger les pigeons : on entre mais on ne sort plus !
La sentence du bailly Thoury suit.


Sentence du 13 mars 1769 du Registre du Bailliage d'Aubière - Extrait
(Archives communales d'Aubière)


13 mars 1769

« Entre le procureur d’office, demandeur en matière de police, comparant en son nom
Contre Guillaume Noellet dit Grand Maison, laboureur habitant du lieu d’Aubière, deffendeur, comparant en son nom deffendeur.
Ouy le procureur d’office et le deffendeur.
Nous avons condamné le deffendeur en lamande de quarante huit livres pour avoir placé et mis à l’ouverture de son colombier un instrument forgé en fer, appelé vulgairement des lunettes, qui permettent la libre entrée des pigeons et en empêche la sortie, tant de ceux coutumiers dudit colombier que des étrangers, ainsy qu’il résulte de notre procès-verbal du 27 février dernier, et fut la déclaration faite par le deffendeur que cet instrument avait été fait par Michel Gioux, forgeron habitant dudit lieu d’Aubière, (2)
Ordonnons qu’il sera assigné à notre première audience de police pour répondre sur ce dont il s’agit être statué à son égard ce qu’il appartiendra, condamnons en outre le deffendeur aux dépens, et faisant droit sur les réquisitions du procureur d’office, ordonnons que la présente sentence sera lue, publiée et affichée à sa diligence aux endroits accoutumés de ce baillage, faisons deffences au deffendeur de récidiver à peine de punition exemplaire, et à tous particuliers et justiciables d’uzer de pareils instruments aussy aux peines de droit, et avons liquidé les dépens cy-dessus à la somme de vingt quatre livres y compris l’impression affiches et placard et l’expédition des présentes, qui seront exécutées comme pour fait de police. » Signé Thoury.

Notes :
(1) – Guillaume Noellet dit Grand’maison : le père et le fils, homonymes, pourraient prendre la place de l’accusé, car ils vivaient tous les deux en 1769. Le père est né le 21 mai 1715, marié le 16 février 1733 à Marie Finayre, et mort le 13 septembre 1783 ; le fils est né le 4 août 1745, marié le 11 février 1766 à Jacquette Janon, et décédé le 28 novembre 1829.
(2) – Michel Gioux : le maréchal, né en 1735 et marié le 10 janvier 1758 à Catherine Monteil.




mardi 19 mars 2013

Journal économique de Jean-Baptiste André - 53



1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document inédit exceptionnel
Le Journal économique du fils du dernier seigneur d’Aubière

Épisode 53
Janvier 1797


Janvier 1797
[Page 56]

Prix des denrées : froment 18£ ; seigle 14£ ; orge vendu 10£ ; vin vendu 5£ 10 s

1- D’après l’estimation des meubles de la maison de Clermont, faite par des tapissiers, ils ont été portés à la somme de 7284£ ; un lit de Damas estimé séparément à 700£. La futaille a été estimée par mon charpentier, y compris les douves que j’ai pour faire deux cuves, à 2050£. Le linge a été estimé par des ravaudeuses à 2813£. L’argenterie pesée, il y en a eu cinquante deux marcs (1) à 48£ le marc, monte à 2496£. J’ai porté les livres de ma bibliothèque à 300£. Un forte piano a été estimé par un musicien à 300£. Des chars et charrettes estimés par le charron à 300£. Une jument estimée par Bureau maréchal à 400£. Une voiture ou cabriolet estimée par Pons sellier à 200£. Trois vaches valant 250£. La totalité de ces différents objets monte à la somme de 17.093£.

"...les livres de ma bibliothèque..."

2- D’après le nouvel état de choses qui a occasionné la mort de mon malheureux frère, il a été question de savoir ce que deviendrait la portion qui lui a été réservée par le partage, ma mère ayant réclamé l’usufruit du quart des biens paternels, d’après la loi du 21 prairial an 3, qui n’avait pas été, comme lors des premiers arrangements. Il a été question de rompre le premier traité fait avec elle, et d’en faire un nouveau. En conséquence, il a été réglé entre les arbitres, qu’elle prélèverait d’abord le montant de sa dot, montant à 27.000£, et pour cet objet, on lui a cédé des fonds à Aubière, savoir les terre de la Bernard, celle de la Barre, de la Laborieuse, le pré de Prouilhat (2) et le jardin parent. Ces objets lui appartiendront en toute propriété, ainsi que le quart du mobilier, montant à 6.250£, attendu qu’avec les 17.000£ de meubles, il y avait 9.000£ d’argent comptant ; elle aura pour son quart en usufruit : le domaine des Vergnes, environ 28.000£ à Noyers ; pour, en propre : 8.000£ à Aubière, et environ 6.000£ sur la maison, que j’acquières en propriété sur le pied de l’estimation qui est de 18.000£, à la charge d’abord de cet usufruit, et en donnant 12.000£ à la nation pour le compte de la soumission, et autres 6.000£ après la cessation de l’usufruit, au moyen de quoi la soumission reposera sur ma tête et sur celle de mes deux sœurs. La pension de ma tante religieuse a été fixée à 600£, et la rente de quatre mille livres, due à ma tante Desmarets, lui sera payée en commun.

3- D’après la soumission faite au département, le 24 fructidor an 4, du quart en propriété de la fortune paternelle, il a été nommé le 5 brumaire suivant par l’administrateur un expert, qui est le citoyen Perrier, pour procéder conjointement avec Rispal, expert nommé par nous, à l’évaluation de la masse des biens. Ils ont porté, en suivant la base des impositions, le bien d’Aubière à 151.548£, le bien de Noyers à 76.375£, en suivant une base estimative, le bien des Vergnes à 26.095£, et la maison de Clermont à 13.500£. La masse totale est de 267.518£ 2s, et, par conséquent, le quart est de 66.879£ 10s 6d. Le citoyen Bourlin, commissaire du pouvoir exécutif à Aubière, a formé opposition au nom de la commune à la vente et estimation des fours neufs fondée sur une prétendue instance au bureau des finances de Riom. J’ai répondu que, dans cette instance, il ne s’agissait nullement de cet objet, au surplus, il a été fait par deux notaires un acte instrumentaire à l’acquit municipal pour protester contre la coupe de maigres (3) que la coutume fait faire soit dans la partie des Ramacles, soit dans l’intérieur de la garenne jusqu’au béal du ruisseau et même un dans la partie du fossé. On n’a point fait donner d’assignation, on attend à cet égard une loi nouvelle contre les prétentions exagérées des communes.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) – Marc : poids de 8 onces (la moitié de la livre), soit 244,7529 grammes, qui servait à peser les matières d’or ou d’argent.
(2) – Bernard, Barre, Laborieuse et Prouilhat : noms de terroirs ou lieux-dits d’Aubière.
(3) – Maigres : terme qui qualifie une terre peu fertile, un pâturage où l’herbe est rare et peu nourrissante.



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