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dimanche 9 septembre 2012

La chasse est ouverte !



Si la chasse aux ancêtres est autorisée à quiconque le désire toute l’année et sur la planète entière, la chasse aux gibiers est règlementée et nécessite un permis de chasse, comme celui que nous avons trouvé dans les archives communales d’Aubière.

Permis de chasse de 1855
(Archives communales d'Aubière)

Halte aux braconniers !
En 1809, des Aubiérois chassaient toute l’année sur un vaste territoire, comme au temps des seigneurs. Mais les plaintes des cultivateurs et les procès-verbaux des gardes-champêtres s’amoncelèrent sur le bureau du Préfet. Son conseiller écrit au maire d’Aubière :

(Archives communales d'Aubière)

Clermont-Ferrand, le 17 novembre 1809
Le Préfet du département du Puy-de-Dôme au maire de la commune d’Aubière,

Je suis instruit, Monsieur le maire, et j’ai sous les yeux la preuve écrite que les nommés Chabosy, Noëllet et Tailhandier, cultivateurs de votre commune, se permettaient de chasser continuellement non seulement dans les territoires de votre commune mais encore dans celles de Cornon (1), Romagnat et autres environnantes, sans respect pour les propriétés et foulant aux pieds les récoltes ; déjà plusieurs plaintes m’ont été portées, desquelles il résultait encore une nouvelle preuve que ces particuliers seraient des braconniers de profession qui feraient de la chasse leur principale occupation et se rendraient redoutables aux petits propriétaires qui n’osent se plaindre des dommages qu’ils éprouvent par les courses continuelles de ces individus. A la vérité, ils sont pourvus de permis de port d’armes, mais les permis, qui ne leur ont été accordés que pour surveiller avec plus de sureté leurs propriétés, ne peuvent les authoriser à en abuser au point de ravager les récoltes d’autruy, et surtout dans d’autres communes que la vôtre.
Déjà un jugement du 21 septembre 1808 les a condamnés à l’amende pour avoir été surpris chassant dans la plaine de Sarliève ; d’un autre côté les procès-verbaux les dénonçant comme chassant suivis de plusieurs chiens et parcourant indifféremment les communes, cette conduite, Monsieur le maire, n’est pas celle de la simple surveillance des propriétés personnelles, mais bien celle d’un chasseur décidé et d’un braconnier de profession.
Il résulterait donc que l’avis favorable que vous avez donné lors de leur demande en permis de port d’armes serait un avis surpris à votre religion et donné sans connaissance de cause.
Je vous invite, Monsieur le maire, à faire venir ces particuliers devant vous pour les blamer sur leur conduite journalière, et les assurer que si de pareilles plaintes me reviennent encore, je retirerai les permis et leurs armes ; vous leur observerez que le permis de porter un fusil de chasse ne leur donne pas le droit de chasser sur le terrein d’autrui, s’il s’y refuse, et encore moins dans une commune étrangère à celle de leur résidence, mais seulement de surveiller leurs propriétés et d’empêcher que rien ne les endommage. Vous ferez surveiller ces particuliers par votre garde-champêtre qui devra vous rendre compte du résultat de sa surveillance, et vous voudrez bien me rendre celui des mesures que vous aurez pris pour obliger ces particuliers à ne plus donner lieu à des plaintes dont l’effet retomberait infailliblement sur eux.
J’ai l’honneur de vous saluer,
Le conseiller en préfecture remplaçant le Préfet,
signé illisible

(Archives communales d’Aubière)

Notes :
(1) - Cornon : Ancienne graphie de Cournon d'Auvergne.

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