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lundi 30 avril 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 7


1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 7
Mars 1791

Mars 1791
[Page 10]

Prix des denrées : vin nouveau vendu 3 £ 10s-12s-15s-18s – 4 £ ; bled vendu 23 £ ; pamoule 18 et 19 £

1- Les gens de Romaniat qui avait le pré Rouger l’année dernière, n’ayant pas voulu le prendre cette année au même prix, à cause du sable et du gravier que l’inondation avait amenés et qu’ils devaient être chargés d’ôter, on a fait faire à journées cette réparation qui a employé beaucoup de temps. On a porté le gravier sur le bord du ruisseau, et le sable qui est bon se mit dans la cour à côté de la porte. Cette réparation coûtera bien 40 £.

2- On a fait faire un mur à chaux et à sable vers le haut du pré Rouger, à l’effet d’empêcher l’eau d’entrer, et on a enfermé dans le pré un petit morceau  de terrain qui se trouvait hors de la clôture. Ce sont les maçons d’Aubière qui font ce mur à prix fait. Il coûte vingt cinq sols la toise courante.
J’ai voulu m’accommoder avec les gens de Beaumont qui nous touchent pour prendre un petit morceau de leur terrain. Ils m’ont voulu cent sols la toise, et je m’en suis passé.
On change la rase par laquelle entrait l’eau pour l’arrosement du pré ; elle sera moins profonde, et par ce moyen on pourra arroser le petit pré Rougier qui auparavant n’arrosait pas. Il est entré dans ce mur 25 septiers de chaux.

3- On a planté les maillots dans la partie de la vigne qui a été fouillée l’année dernière. C’est du lyonnais que l’on y a mis au nombre de … [en blanc]

4- On a fait […] la mayère du haut de la garenne pour que les […]  en soient plus belles, et on a remplacé où il en manquait.

5- On a fait planter les sauvageons dans les vergers soit ici, soit à Noyers et aux Vergnes (1). On a mis à Noyers des pruniers le long de la raze dans le verger, et aux Vergnes on a arraché les vieux saules qu’il y avait le long du chemin derrière la maison pour y faire une plantation nouvelle.

6- On a planté de jeunes noyers, ici et à Noyers, pris dans la pépinière du jardin.

7- On a semé dans le grand champ voisin, entre la pamoule et les fèves, la quantité de dix septiers et un peu plus d’avoine grise que l’on avait fait venir de Saint-Cirgues. On a passé les planches par-dessus attendu qu’elle doit être fauchée.

8- J’ai fait tuiler mes arbres par le jardinier lyonnais ; le jardinier lui a aussi aidé. J’ai fait mettre le long du mur du parterre du côté du village trois pruniers, Reine-claude, impériales et Sainte-Catherine.

"J’ai fait mettre le long du mur du parterre du côté du village trois pruniers, Reine-claude"

9- On a fait passer la rase du pré Rougier dans le haut du petit pré afin qu’il puisse être arrosé, tandis qu’il ne l’était pas auparavant. Elle est beaucoup moins profonde que la mienne qui avait été comblée en partie par l’inondation, et que l’eau a recouverte de terrain, et l’on a mis par-dessus de la graine de foin ramassée à la fenière et les balles des granges.

10- Le mur du haut du pré Rouger a eu 17 toises et demi. Montant : 21 £ 5. Les maçons n’y ont mis que douze journées et trois ou quatre de manœuvre.

11- On a affermé la première et la seconde herbe du pré Rougier moyennant la somme de neuf cents livres, en deux termes dont l’un à Noël, l’autre à Pâques. Convenu que les preneurs auraient l’eau depuis le midy du samedi jusqu’à minuit ; sont tenus de dépierrer et de faucher. Les fermiers ont Antoine Chirol charron, Antoine Arnaud, Amable Thévenon, Guillaume Longchambon, François Thévenon et Amable Bayle.

12- On a planté aux Vergnes, le long du chemin qui va à Gerzat, environ deux cents trente plançons, sans compter ceux qu’on a mis ailleurs, ce qui peut aller à trois cents.

13- Les gens ayant forcé différentes fois la serrure et même ayant cassé la porte des Ramacles, on l’a condamnée avec la grosse clef pour n’y plus passer.

14- On a fait fossoyer la vigne. On a été obligé de la bêcher en partie parce que la terre était trop dure à cause de la sécheresse. On l’a aussi échalassée.

15- On a bouché les jours de la haie du petit pré Rouger.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Ici, Noyers et Vergnes : Ce sont les trois domaines de la famille André. « Ici » représente Aubière, « Noyers », le domaine situé en partie sur Aulnat, en partie sur Lempdes et en partie sur Clermont-Ferrand (Montferrand), et « Vergnes », le domaine situé sur Clermont-Ferrand (Montferrand).



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Les familles de maçons aubiérois [3/3]



Du 16ème au 20ème siècle, voici les familles de maçons qui se sont succédées à Aubière. (3ème volet)

 
Une lignée aubiéroise de maçons : les Ebely
C’est Etienne EBELY, né le 18 mars 1795, fils de Joseph et de Marie CHATAGNIER, qui est le premier maçon de la famille. Il se marie le 25 janvier 1815 avec Jeanne DEGIRONDE, fille de Jean et de Catherine TRALAT. On leur connaît quatre enfants :
  • Catherine, née le 23 juin 1816, x 6 avril 1836 Jean-Pierre PEZET, d’où descendance ;
  • Thomas, né le 8 décembre 1819. Maçon de profession, il épouse le 28 janvier 1841, Françoise ARNAUD, fille d’Antoine et de Gilberte BREULY. Leur fille, Marguerite, épousera François FONTEIX en 1863 ;
  • Françoise, née le 21 février 1822 (sad = sans alliance ni descendance connue) ;
  • Amable, né le 16 novembre 1825. Il devient également maçon avant d’épouser, le 6 avril 1848, Jeanne DEGIRONDE, fille de Michel et de Marie VERGNE. Ils ont trois enfants :
  • Jeanne, née le 23 juin 1850, sad ;
  • Michel, né le 19 janvier 1857, qui suit ;
  • Marguerite, née le 7 avril 1860, x 29 avril 1879 avec Pierre MAZEN (°31/05/1856), d’où descendance.
Michel EBELY (°19/01/1857), maçon, épouse le 21 novembre 1882, Françoise MONTEL (°28/03/1860), fille d’Etienne et Marie BAILE. Ils auront deux enfants : Marie-Constance (°04/06/1886) et Jean Baptiste Marie (°21/05/1891).

  • Gabriel Pouchol. Ce maçon de la Creuse naît le 12 octobre 1815 à Charron (23). Il se marie à Champs (63), le 31 janvier 1843, avec Marie-Louise ESPAGNOL (°06/06/1821 Charbonnières-les-Vieilles, 63), fille de Jean et de Marie JOUFFRAIS. Il exerce plusieurs métiers (cultivateur, garde-barrière) avant de s’installer à Aubière où naît leur troisième enfant. Les deux premiers naissent à Champs : Louis (°1847) sad, et Marie (°04/10/1852) x1 26 février 1870 Amable FONTEIX (°28/03/1843), d’où descendance ; x2 20 janvier 1896 Guillaume COUGOUT (°25/12/1839). Leur troisième enfant, Marie (°03/02/1863), se marie le 26 mars 1885 avec Etienne FONTEIX (°25/12/1859).
  • Jean Fradeix. Pour une fois, ce maçon ne vient pas de très loin ; Jean FRADEIX est né le 30 janvier 1816 à Beaumont (63). Il est fils de Gervais et de Marguerite GENEIX. Il épouse le 9 décembre 1841, une Aubiéroise, Marie MOSNIER (°10/12/1820), fille de Guillaume et de Marie DOMAS. Ils n’ont pas de descendance connue.
  • Jean Murol. Ce fils de boulanger est bien devenu maçon. Jean MUROL est né le 26 octobre 1837, de Guillaume et de Marguerite MANDONET. Il convolera deux fois : x1 1865 avec Louise BOHATIER ; x2 16 janvier 1873 Marie CHALAMET. On ne leur connaît pas de descendance actuellement.
  • Hippolyte Amédée Blanc. Ce maçon plâtrier est né à Digne (04) le 26 septembre 1846, de Jean-Baptiste et de Claire ROMAN. Il épouse le 27 avril 1872 Françoise BREULY (°20/02/1846), fille de François et de Marie-Rose ROMAND.
  • Pierre Perol. Ce maçon est né le 26 février 1849 aux Abouranges, commune de Sainte-Christine, Puy-de-Dôme, fils de Gervais et Anne BERTHON. Le 13 juin 1870, Pierre PEROL se marie une première fois à Aubière avec une Clermontoise, Antoinette GELI, et s’installe à Pérignat-lès-Sarliève. Après la mort de son épouse, le 27 septembre 1872, il convole en secondes noces, le 10 octobre 1873 à Aubière avec Marguerite VIGEANT, qui mourra à son tour. On sait qu’une troisième épouse, Mathilde GANNE, lui donnera au moins 5 enfants à partir de 1886. Son jeune frère, François PEROL, de 10 ans son cadet, est maçon également. Il se marie à Aubière en 1885 avec Alix MONTEL.

***

Mon arrière arrière-grand-père, Martin BOURCHEIX (°09/10/1820), va demander à Pierre PEROL de construire une cave en 1881, rue de l’Adèle. Les archives familiales ont conservé le contrat de construction entre les deux hommes. Un contrat qui règle une méthode de construction éprouvée, précise et empreinte de rigueur :

Contrat de construction de cave (1)
(1881)

Entre les soussignés, Pierre Perol-Vigeant maître maçon entrepreneur en résidence à Pérignat lès Sarlièves d'une part ; Et Jean Bourcheix se portant fort pour la présente exécution pour Martin son père qui ne sait signer tous deux propriétaires demeurant à Aubière d'autre part ;
Les conventions suivantes ont été faites :
Le sieur Perol se charge à ses risques et périls de creuser et construire, toutes fournitures comprises, pour le compte de Monsieur Martin Bourcheix qui accepte, une cave, dont le mur de façade et l'entrée sont déjà établies. Cette cave est située dans l'enclos des héritiers Fournier et se trouve dans un corridor que Monsieur Bourcheix a fait construire au dernier chemin au midi : elle est la première à droite en descendant dans ce corridor.
 

Charges et conditions
Terrassement
Les travaux de terrassement devront pour la première partie se commencer le vingt cinq janvier au plus tard. Chaque voûte devra, comme elles se font à l'usage du pays, avoir une longueur de deux mètres. Cependant dans le cas où le terrain ne permettrait pas de réaliser le creusement d'une voûte de deux mètres de portée, il est accordé toute la latitude au sieur Perol pour réduire cette portée selon les difficultés qui pourraient se présenter.
Avant le creusement de chaque voûtée, le sieur Perol devra prendre les renseignements auprès du sieur Bouret pour l'emplacement où il devra déposer les terrains d'extraction, mais en tout cas l'endroit désigné ne pourra être que suivant la cave à creuser ou sur celle qui joint, sauf pour la première voûtée dont le terrain sera déposé sur un flache qui existe sur le corridor.
 

  
 Construction
Le sieur Perol devra employer des matériaux propres à faire une bonne construction toute garantie étant à sa charge et les travaux terminés, il sera facultatif au sieur Bourcheix de faire juger s'ils ont été effectués dans de bonnes conditions de solidité.

Dimensions
La cave à construire aura une longueur de huit mètres à compter de l'intérieur du mur de façade. La largeur sera de six mètres, soit cinq mètres trente trois centimètres d'épaisseur.
La hauteur de la voûte sans clef devra avoir trois mètres à compter de l'intérieur du mur et la hauteur des murettes un mètre vingt cinq centimètres à partir du sol.


Mur du fond de la cave
Le sieur Perol devra construire un mur dans le fond de la cave en dehors des huit mètres et sur toute la section d'une épaisseur de trente trois centimètres. Il en sera fait un semblable pour supplanter le mur de façade ou la murette du corridor dans toute la largeur de la section de la cave construite. Dans l'un de ces deux murs au gré du sieur Bourcheix, le sieur Perol devra établir un placard, d'un mètre de coté sur cinquante centimètres de profondeur, en brique sur plat pour les côtés et le dessus, et en brique sur champ pour le fond et le bassoir.

Soupirail
Le sieur Perol devra établir un soupirail entre l'endroit où il est amorcé et le flanc de la voûte à une hauteur de deux mètres à partir du sol, environ.

Pose des voûtes
Le sieur Perol se charge aussi de poser les voûtes en pierre de taille et de fournir le mortier nécessaire au travail. Il est entendu que les poutres seront fournies par le sieur Bourcheix.



Durée des travaux
Ainsi qu'il a été dit ci-dessus les travaux devront être commencés le vingt cinq courant pour être terminé dans un délai de sept mois soit le vingt-cinq août prochain.

Prix
Monsieur Bourcheix s'engage de payer à Mr Perol pour la construction dont il vient d'être parlé, la somme de mille soixante-dix francs.

Paiement
Le montant des dits travaux sera payé en quatre fois dont deux cents francs après l'achèvement de chaque voûtée pour les trois premières voûtées, et le reste quinze jours après l'achèvement complet du creusement, de la construction, du décintrage et de la vérification. Fait et signé en double à Aubière le 14 janvier mille huit cent quatre-vingt un.

***

  • François Perol. Comme les précédents, François PEROL est originaire de Sainte-Christine où il naît le 16 septembre 1865. Lui aussi se marie à Aubière, le 30 janvier 1890, avec Anne RUSSIAS. Il y exercera sa profession de maçon.
  • François Fondrat. Lui et son frère Claude sont des maçons originaires de Pontaumur. Ils vont s’installer à Aubière, comme les PEROL et bien d’autres, en plein « boum » de la viticulture aubiéroise, appelés sans doute en renfort pour construire les caves nécessaires à la fulgurante augmentation de la production de vin, qui verra son paroxysme vers 1885. François se marie à Aubière, le 6 juillet 1878, avec Marie PIREYRE. Une de leurs enfants, Louise FONDRAT, mariée à Annet GIOUX, donnera naissance à Marcel, qui épousera à son tour la profession de son grand-père maternel.

  • François Peteton. Nous terminerons cette revue des maçons aubiérois par François PETETON, né le 11 mai 1865 à Crevant-Laveine. Il s’installe à Aubière après son second mariage avec Marie DUCROIX, le 27 juillet 1889.


NOTA : Tous les actes ont eu lieu à Aubière, sauf mention contraire.

___________
(1) - Les croquis sont tirés de « Les caves-bâtiments des côtes viticoles de Limagne » de Richard Bucaille, Alain Maillot et Jeanne Virieux, C.D.P.E. 1992.


© Cercle généalogique et historique d’Aubière – (Pierre Bourcheix)


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vendredi 27 avril 2012

L’Artière



Son étymologie

Plusieurs thèses existent quant à l’étymologie du mot Artière. Dans un soucis d’éclectisme, nous donnons ci-après deux thèses : l’une, établie par Marcellin Boudet en 1890, qui puise ses sources dans des documents du Moyen Âge ; l’autre, plus récente, peut-être plus vraisemblable, affirme que le mot artière a des origines gauloises.

L'Artière : les 3 pierres

La thèse moyenâgeuse

« L’Artière (Art eyre) est le fluvius Arteria de la bulle de Pascal II, en 1107[1]. En latin, ce mot a le même sens que le mot français qu’il exprime ; artère, grosse veine, se dit exactement arteria. On serait d’autant plus tenté de le prendre dans le sens de grand ruisseau ou grande rase, que les Romains, dont la langue était sœur de la celtique, employaient celui de vena dans le sens de rases d’irrigations artificielles. La forme est la même dans la langue nationale, c’est-à-dire en patois celtico-roman : « Pont al Chastel… lo riu d’Arteyra » en 1242[2]. « Laigua qu hom appella Artheira » dit à la même époque le Terrier Dogue en parlant du territoire des Paulines, emplacement de la gare et des casernes de Clermont[3]. Artheyra en 1223[4]. Une voie qui longeait ce cours d’eau portait son nom : la via Artheira en 1242. De même une partie du village situé vers son embouchure dans l’Allier : la via per ont hom vai ad Artheira[5]. Ce village était une partie seulement des Martres ; la preuve en est que le surplus du bourg est nommé Les Martres dans le même document. Le groupe primitif est celui nommé Arteira que je crois être la partie basse du village, celle située près du ruisseau » n

(Revue d’Auvergne, Tome 7 – 1890 – Les premiers travaux de dessèchement du Marais de Limagne, par Marcellin BOUDET)

Cascade sur l'Artière

 La thèse gauloise

L’origine du nom Artière remonte sans aucun doute à l’époque gauloise. Comme chacun sait, il n’y a pas d’écriture gauloise et la persistance des noms est due à la tradition orale. Des modifications les ont affectés au cours du temps, et nos ancêtres ne se souciaient pas de transmettre leur signification.
Aussi, les interprétations de la toponymie et de l’hydronymie concernant cette époque sont toujours douteuses.

C’est d’abord le « Ar » un peu dur qui retient notre attention. On le retrouve dans le langage gaulois pour désigner des animaux symbolisant la force, ou une divinité les accompagnant : artos, l’ours ; Arduinna, la déesse au sanglier.
« Ar » caractérise souvent des noms de rivières : Ar, Aar, Arc, Ara, Are, Arga, Orvanne (déformation), Aragon, Isère (déformation de Is-ara), Yère (déformation de Av-ara), Arbuty…
Il apparaît également dans les toponymes associés à la rivière : Arlanc entre la Dore et la Dolore (encore des vocables gaulois) trouverait son origine dans Ar-len (entre deux rivières). On le trouve aussi dans des noms de lieu ayant un lien avec l’eau : une des îles d’Aran, au large des côtes d’Irlande est appelée dans la légende : ara na naomb (ara des saints).

La deuxième partie du nom, « tière », est plus douce à l’oreille. Les spécialistes de la langue celte nous expliquent que « tir » signifie terre.
L’association « Ar » et « tir » pourrait désigner la source, une source plutôt abondante comme le montrent deux exemples dans le département du Puy-de-Dôme :
  • Artonne possède des sources d’un débit important puisque les Romains exploitaient les dépôts ;
  • Au flanc du Cézallier, le cirque d’Artout possède de nombreuses sources : un groupe porte le nom de sources des neuf fonts (neuf symbolique et signe de multiplicité).

Artos, Arduinna, Artonne, Artout, Artière, le lien est-il autre que phonétique ?
La tentation est grande de l’affirmer, mais il est peut-être prudent d’en rester là [6] n


© Cercle généalogique et historique d’Aubière – « Aubière et l’eau » - Pierre Bourcheix et Georges Fraisse, 1993





[1] - Monum. pontif. Arverniae. Chaix de la Varène, page 129 (Note de M. Boudet).
[2] - Terrier Dogue [Archives départementales, Fonds Port] (Note de M. Boudet).
[3] - Ibid.
[4] - Mémorial de Jehan Bernars (chanoni dal Port). Mêmes archives. Le terroir des Paulines porte toujours ce nom romain. On l’a rapproché de celui de Pauline, femme de Titus Labienus, lieutenant de César et son principal officier dans la guerre de conquête des Gaules (Note de M. Boudet).
[5] - Terrier Dogue (Note de M. Boudet).
[6] - Bibliographie de la thèse gauloise : Guide de l’Auvergne mystérieuse (TCHOU) ; Les Druides, par Françoise Le Roux, Christian-J. Guyonvarch (OUEST FRANCE) ; Divinités et sanctuaires de la Gaule, par Émile Thevenot (FAYARD) ; Les noms de lieu, par Charles Rostaing (Que sais-je ?, PUF).

Les familles de maçons aubiérois [2/3]



Du 16ème au 20ème siècle, voici les familles de maçons qui se sont succédées à Aubière. (2ème volet)



  • Louis Chatin. L’origine de ce maçon nous est inconnue, tout comme son mariage avant 1781 avec Françoise SOLIGNAT, avec laquelle il aura quatre enfants, tous nés à Aubière : François (°11/10/1781), autre François (°30/10/1782), Anne (°23/11/1783) et Jean (°09/11/1793).
  • François Galiot ou Gaillot. Ce François GALIOT, maçon de son état, arrive peu avant 1780 à Aubière avec son épouse Anne PORTE ou LAPORTE. Il est le premier d’une lignée de maçons. Ses enfants naissent à Aubière : Anne (°06/01/1780 ; x08/04/1811 Claude Hébrard) ; Louis (°06/08/1783, sad) ; Antoinette (°03/02/1793 ; x09/07/1818 Marien NICOLAS) ; Jeanne (°29/06/1795 ; x06/11/1821 Jean FARGHOUX) ; et François, qui suit
  • François GAILLOT, fils du précédent, est né le 30 mai 1781 (baptisé le 31 mai ; +22/07/1835). Il devient maçon à la suite de son père. Il épouse vers 1810 Antoinette ROUSSEL (+06/09/1829), avec laquelle il aura deux fils, maçons à leur tour, qui suivent. En secondes noces, le 10 juin 1830, François épouse Anne TARINGAUD (°09/10/1787), veuve d’Antoine PINSSON, fille de François et de Gilberte BEL.
  • Pierre GALLIOT, fils du précédent, né le 9 avril 1810, qui suit ;
  • Jean GALLIOT, second fils de François et de Antoinette ROUSSEL, né le 16 juillet 1812, maçon, x1 5 janvier 1835 Michelle BRUGIERE (°19/08/1806 ; +17/09/1863), fille de Martin et d'Élisabeth DEGIRONDE ; x2 28 juillet 1864 Marie THOMAZET (°11/09/1832 Pérignat-lès-Sarliève), fille de Antoine et de Anne GERLE.
Pierre GALLIOT (°09/04/1810), sera maçon également. Il épouse, le 5 janvier 1835, Marie CHABRE (°07/09/1807), fille de Jean et de Légère PLANCHE. Leur fils Jean (°01/11/0835) continuera cette lignée de maçons. Ce dernier se marie le 2 février 1857 avec Charlotte VACHERON.

Retour sur Jean Alligros, maçon de la Creuse
J’ai déjà longuement parlé de la famille Alligros dans un précédent billet (les Alligros), mais depuis, un document (remis par André Chapeau) nous donne une précision qui a son importance et qui illustrera à merveille l’arbre des descendants de Jean ALLIGROS, maçon de la Creuse.
Ce document (voir ci-dessous) nous indique que Jean ALLIGROS exerçait déjà son activité de maçon à Aubière en 1780.
Il nous dit aussi que Amable MAZEN, avec lequel Jean ALLIGROS passe un accord, est le petit-fils du charpentier Amable MAZEN, qui travaillait conjointement avec Michel MAZIERE sur le chantier de la maison de Jean BAILE en 1720 et 1729 !

Prix fait entre Jean Aligros et Amable Mazen d’Aubière
12 décembre 1780
(A.D 5 E 44 347 – Me Girard à Aubière)

« Par devant les notaires royaux soussignés, fut présent Jean Aligros, fils à feu Michel, masson, habitant de ce lieu d’Aubière, d’une part, et Amable Mazen, fils à feu Amable, laboureur, habitant de ce lieu d’Aubière, d’autre part,
Lesquelles parties sont convenues de ce qui suit ; c’est à scavoir :
1°- que le dit Aligros s’oblige de faire deux murs sur un amplacement de terrain, scavoir, l’un à l’aspect de jour et l’autre à l’aspect de nuit. Le terrain scitué hors les murs de ce lieu d’Aubière et au quartier de La Chapelle ; les deux murs doivent être de la même auteur [sic] que ceux d’Antoine Janon aux aspects de nuit et jour, et qui joignent l’emplacement découvaire [sic] du dit Mazen.
2°- de fournir un portail pour le cuvage, de la largeur de sept pieds, quatre pouces et de la hauteur de sept pieds et demy, avec une pierre au-dessous dudit portail et de toute la largeur d’iceluy.
3°- touttes les marches nécessaires pour monter au premier étage
4°- les murs des dits escalier et balcon
5°- une porte pour un poulailler, de la hauteur de quatre pieds, sur la largeur de deux pieds quatre pouces,
6°- le pavé nécessaire pour paver le balcon comme aussy les pierres nécessaires pour mettre sur le mur dudit escalier et balcon, appellées cadette,
7°- une porte de cinq pieds et demy d’auteur [sic], sur la largeur de deux pieds et demy,
8°- deux fenêtres de la hauteur de cinq pieds sur la largeur de deux pieds huit pouces,
9°- autres deux fenêtres de quatre pieds d’auteur sur la largeur de deux pieds et demy,
10°- une cheminée de la largeur et auteur comme celle de la cheminée de la maison actuel [sic] du dit Mazen, comme aussy une pierre à feu,
11°- trois quarts de toizes de panes,
12°- une porte de cinq pieds et demy d’auteur sur quatre pieds de largeur,
13°- l’entablement nécessaire pour l’aspect de jour du dit amplacement de [terrasse?]...
14°- de bâtir et faire la cheminée, comme aussy d’employer touttes les pierres dont il est parlé cy-dessus à la construction ; laquelle pierre de taille doit être prize dans la carrière de Volvic,
15°- de crépir le batiment à l’aspect de jour,
16°- de crépir et blanchir dans le premier étage comme aussy de crépir dans le grenier.
Toutte la pierre de taille cy-dessus sera fournie par le dit Aligros, comme aussy la massonnerie dont il est aussy parlé en les présentes. En l’égard des autres matériaux concernant la chaux, sable et pierre brute, sera fourni par le dit Mazen.
Lequel ouvrage doit être parachevé, bien conditionné suivant les règles de l’art, au vingt quatre juin. Le présent prix fait en accord entre les parties, moyennant la somme de deux cent quarante six livres, laquelle somme, le dit Mazen s’oblige la payer et porter au dit Aligros, scavoir, cent vingt six livres au commencement de l’ouvrage et le surplus au vingt un septembre prochain, à l’entretenement des présentes.
Les parties, chacune en droit, s’étant obligé leurs biens present et avenir.
Fait et passé [en double] à Aubière, étude de Girard et des notaires soussignés, le douze décembre mil sept cent quatre vingt. Les parties ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis. » Ont signé : Luquet, Notaire royal ; Girard, Notaire royal (Controllé à Clermont, le 16 Xbre 1780. Reçu quarante deux sous).

Amable MAZEN, né le 8 octobre 1757 (+23/03/1816), est fils de Amable et de Marie CHATAGNIER. Il est l’époux d’Anne PINIOL (°10/05/1755), depuis son mariage du 2 mars 1778.

*

Une lignée de maçons des Combrailles à Aubière
Il s’agit des Faure. Marien FAURE, fils de Pierre, maçon à Saint-Avit en Combrailles (63), et de Marguerite JALLAT. Cette dernière meurt le 7 avril 1791 dans leur maison de Tournadaix [sic, lire Tornadet], paroisse de Saint-Avit, quelques mois après la naissance de Marien qui, devenu grand, embrasse la profession de maçon et prend très vite la route. Il a à peine vingt ans à son arrivée à Aubière.

Il va s’y marier le 28 mai 1813 avec Marguerite BLANC (°26/01/0787), fille de feu Etienne et de Charlotte BEVIN. Ils nous feront de forts beaux bébés au nombre de quatre :
w Charlotte, née le 2 avril 1814, x le 19 octobre 1854 Jean BRUN (°13/03/1814), un meunier originaire de Montmorin (63), fils de Antoine et de Françoise QUESNE (sad = sans alliance ni descendance connue) ;
w Anne, née le 13 février 1819, x le 8 février 1843 Jean OBY (°02/12/1819), fils de Ligier et d’Antoinette GOUNOT (sad) ;
w Marien, né le 16 mai 1828. Maçon comme son père et son frère Guillaume qui suit, il se marie le 4 novembre 1852 avec Marie LAGARDE (°14/09/1828), fille de Jean et d’Antoinette BENAIX. Leur fils Guillaume, né le 11 octobre 1855, sera aussi maçon. Il se marie le 21 novembre 1877 avec Françoise BEAUPONCY (°06/04/1859), fille de Jean et de Marie CHASSAGNE. Ils auront un fils, Marius, né le 16 mai 1886. Ce dernier deviendra-t-il maçon ? On ne le sait pas, car il quitte Aubière pour se marier à Cébazat, le 30 septembre 1909 avec Maria ROUGER.
w Guillaume, né le 11 janvier 1831. Il semble avoir montré la voix à son frère aîné Marien. Plus jeune que ce dernier, Guillaume le devance pour le mariage. Il passe devant le maire le 31 décembre 1851 avec Françoise LAGARDE (°31/10/1830) la sœur cadette de la future épouse de Marien. Leurs deux fils, qui deviendront maçons, naîtront avant la naissance de Guillaume en 1855 : Marien, né le 13 mars 1852, x 30 mars 1875 Marie Pezant, fille de Claude et de Marie COHENDY (d’où une fille) ; Jean, né le 10 juillet 1854, x 6 janvier 1880 Anne Marie FINEYRE, fille de Ligier et de Michelle LAGARDE (d’où 3 enfants).

Signalons deux autres maçons, originaires des Combrailles :
w Gervais Vray. Il naît à Lachaux, paroisse de Condat en Combrailles, vers 1795. Marié une première fois à Marie N. (+04/06/1817 Montaigut-le-Blanc), il exerce d’abord la profession de maçon à Chadeleuf. Veuf, il vient se remarier à Aubière, le 21 avril 1818 avec Antoinette PACHON, originaire de Pérignat-lès-Sarliève (sad).
w Jean Perrière. Il est né le 21 mai 1820 au hameau de La Rochette, commune de Sauvagnat-près-Herment, de Jean et de Jeanne DONAT. Devenu maçon, Jean PERRIERE se marie à Aubière le 28 novembre 1849 avec Marie BERTHON, née le 14 mai 1826 à Pérignat-lès-Sarliève (sad).

(à suivre…)

NOTA : Tous les actes ont eu lieu à Aubière, sauf mention contraire.

© Cercle généalogique et historique d’Aubière, 2007 – (Pierre Bourcheix)




jeudi 26 avril 2012

Terroirs vus du ciel



Le Puy d'Aubière, les Plantades, Launade

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Aubière : Le Puy d'Aubière, La Bade, les Plantades et Launade
(Google Maps)





mercredi 25 avril 2012

Les familles de maçons aubiérois [1/3]


Du 16ème au 20ème siècle, voici les familles de maçons qui se sont succédées à Aubière. (1er volet)



Les précurseurs
  • Symon Fanaud. Le premier maçon connu à Aubière est François Symon FANAUD. Il n’a malheureusement pas laissé beaucoup de renseignements sur sa vie. Il meurt vers 1586-1587, et laisse une veuve, Catherine FAYFEU, qui se remarie par contrat à Aubière, le 24 avril 1587 avec Pierre SALLYGAYR. Sans descendance connue.
  •  Léonard Charmeau. Sans doute de la famille des tisserands que l’on retrouvera plus tard sous la graphie Chalamaud. Il épouse le 1er avril 1593, la veuve du tisserand Annet LABBAT. Comme le précédent, il n’a pas laissé de descendance connue à Aubière.
  •  Antoine Guillon. Il apparaît à Aubière par son contrat de mariage avec la veuve de Pierre ROUX, Anthonia AUREILHE, le 9 novembre 1648. Sans descendance connue.
  •  Michel Dubreu. Voilà qu’avec lui réapparaissent les maçons de la Creuse ! Il est en effet originaire de La Celle Barmontoise (1) où il naît vers 1659. On ne sait quand il débarque à Aubière. On ne lui connaît pas d’épouse non plus. Il semble néanmoins qu’il ait exercé son métier de maçon à Aubière où il meurt, à l’âge de 60 ans, le 9 décembre 1719.

La lignée des Mazière, maçons de la Creuse
Michel MAZIERE est né vers 1670 à Ménec, paroisse de Néoux, dans la Creuse, au sud-est d’Aubusson. Il est le fils de Claude, un maçon, et de Jeanne CHAZOTTE. Et il devient maçon à son tour. Les années 1693-1694 apportent la famine en Creuse, comme partout en France. La vie, la survie, dirais-je, devient difficile. Comme beaucoup de ses congénères, il est obligé de s’expatrier, et dès qu’il termine sa formation auprès de son père, il prend son baluchon et va sur les routes.
Elles le conduisent, en cette fin de XVIIème siècle, à Clermont, puis à Aubière. Là, il trouve du travail, en bâtissant caves et maisons. Il trouve également une épouse. C’est sur une Aubiéroise, Jeanne VEDEL, que se porte son choix. Elle est fille d’Antoine et de Marie CHAMBON. Les registres paroissiaux ne nous sont pas d’un grand secours (lacunes), mais les deux promis sont passés devant le notaire d’Aubière, le 27 juin 1699, pour un contrat de mariage en bonne et due forme.
Le bonheur est de courte durée, Jeanne meurt en 1703 sans descendance. Michel se remarie dans l’année avec Marthe MONTAIGNE, qui mettra au monde quatre enfants :
  • François, né le 29 mai 1704 ;
  • Catherine, née le 26 octobre 1706 ;
  • George, née le 18 août 1711 ; tous les trois sans alliance ni descendance connue ;
  • Michel, né le 24 mai 1718, dont on reparlera plus loin.

En 1720, Michel MAZIERE père, passe un contrat avec François BAILE, qui vient d’acheter une maison à Aubière. Ce dernier lui donne « la somme de soixante six livres pour avoir fait et construit une cheminée entremée de pierre de tailhe, cendriere, avoir aussy construit deux fenestres dans le cuvage de lad maizon, une du cotté de nuit et l’autre du cotté de midy, grossoyier les plus gros trous dud cuvage, crespir la chambre, resuivre le couvert d’icelle ou pour avoir bouché une breche du cotté de la maizon du guilliaume jallus, fournir tous les thuilhes necessaires, pierre, chaud, sable, ou pour les journées de l’ouvrier qui l’auroit servy ». (2)
Michel MAZIERE est à cette époque maître maçon, puisqu’il emploie un ouvrier.
Quelques années plus tard, il est encore en affaire avec le même François BAILE, laboureur et tisserand. Il reconnaît avoir reçu de ce dernier la somme de quatre-vingt-dix livres pour avoir « construit un degré [escalier] à une maison ou cuvage ; avoir fait la porte dicelle maison de pierre de tailhe, un estable a pourceau au dessous dud degré dont la porte d’icelluy est aussy de pierre de taille, ou pour avoir fait la porte du cuvage delad maison aussy de pierre de taille, avoir fourny chaud, sable, toute la pierre de taille et autre tant dud degré que desd portes pour ses journées ou pour celles des ouvriers quy l’auront servy ». (3)
Les affaires semblent bien marcher pour ce maître maçon qui a maintenant plusieurs ouvriers.

Deuxième génération :
Michel MAZIERE (°24 mai 1718 ; +4 septembre 1763), maçon, fils de Michel et de Marthe MONTAIGNE, épouse le 27 janvier 1739, Michelle ARNAUD (°1er avril 1714 ; +22 novembre 1786), fille de Guillaume et de Antoinette JOZAT. Ensemble, ils auront cinq enfants :
  • Louis, né vers 1744, qui suit ;
  • Anne, née le 17 février 1750 ;
  • Marguerite, sa jumelle, née le 17 février 1750 ;
  • Antoinette, née le 2 mars 1752 ;
  • Marie, née le 31 août 1756 ; les quatre filles sans alliance ni descendance connue.

Troisième génération :
Louis MAZIERE, né vers 1744, mort le 3 novembre 1807, deviendra maçon et complètera ses revenus avec la profession de cultivateur-vigneron, comme la plupart des Aubiérois. Le 27 janvier 1767, il se marie avec Antoinette BAIL, fille d’Antoine et de Françoise NOELLET. Quatre enfants naîtront de leur union :
  • Antoine, né le 26 mars 1768 (sad = sans alliance ni descendance connue) ;
  • Marie, née le 26 juin 1770 (+9 mars 1838), épouse le 29 mai 1797, Amable BOURCHEIX, d’où sept enfants ;
  • Jean, né le 20 décembre 1772, sad ;
  • Antoinette, née le 24 juin 1775, mariée le 28 juillet 1799, à Jean COHENDY, d’où deux enfants.
 (à suivre…)

NOTA : Tous les actes ont eu lieu à Aubière, sauf mention contraire.

(1) -  Aujourd’hui : La Villetelle (Creuse).
(2) -  Quittance passée le 25 avril 1720 devant maître Courtes à Aubière (A.D.63 - 5 E 44 171).
(3) -  Quittance du 14 mars 1729 devant maître Courtes à Aubière (5 E 44 180).

© Cercle généalogique et historique d’Aubière – (Pierre Bourcheix)





mardi 24 avril 2012

Journal économique de Jean-Baptiste André - 6


1790-1842

Toutes les semaines retrouvez ce document exceptionnel

Épisode 6
Février 1791

Février 1791
[Page 9]

Prix des denrées : vin nouveau vendu 3 £ 10s-12s ; pamoule venu 19 £ ; bled trémois (1) acheté 27 £

On a fait une jetté de 41 septiers. On avait fait compter les gerbes pour savoir ce qu’elles rendraient. Ces 41 septiers sont provenus de 4140 gerbes ou de 69 paillades (2) de soixante gerbes chacune. Les autres gerbes ont fait à peu près le septier.

On a donné à arracher à prix fait et à exploiter un noyer de la garenne que le vent avait fendu moyennant 50 £ dix sols. Ils y ont employé environ dix journées.

On a fait vers un angle du pré Rougier, que l’inondation avait endommagé, un mur en pierres sèches le long du ruisseau ; et on abat le terrain pour y planter une saulée qui se joindra avec et fera encore suite avec celle qui touche le rutoir (3). On a employé pour ce mur les grosses pierres sorties de la vigne dont la fouille a été faite l’année dernière. Il y a eu 19 journées de maçons à 20 s.
On a planté de petits vergnes derrière le mur, et on a fait couper à la hauteur des plançons (4) tous les joncs qui sont le long du ruisseau.
On a fait des rases de la profondeur de l’eau pour planter les saules. On a porté au pied de chacun du terrain le meilleur. On en a planté en tout … [en blanc]

On a semé dans la partie du grand champ voisin, au-dessous des vignes, la quantité d’un quarton et demi de rachelas (5) ou froment marsin. Ce grain se sème fort clair ; on n’a point semé à raies.

"On avait, pour battre ou pour vanner cette jetté, une cinquantaine de journées."

On a fait la dernière jetté de la grange, qui a été de 34 septiers une quarte. On avait, pour battre ou pour vanner cette jetté, une cinquantaine de journées.
Le bled des terres se monte en seigle à 130 septiers ; celui de la dixme à 40, en tout : 170, qu’il y a dans le grainier, parce que celui que l’on a reçu d’ailleurs équivaut à peu près à celui que l’on a consommé en semailles ou autrement. Le bled a rendu cette année entre le grain six et le grain sept. Il y a aussi dans le grainier soit du dixme soit des terres 44 septiers de pamoule.

J’ai obtenu au district l’ordonnance pour la liquidation des dixmes (voy. le mémoire que j’ai présenté). Les experts nommés sont Mrs Besse et Ducrohet. Mr Parouty, fermier de la directe, ayant fait assigner quelques particuliers, attendu qu’on ne se présentait point pour payer les uns, ils se sont présentés à Clermont, au bureau de conciliation, et ont demandé à voir les titres. Ils ont été portés au bureau et visités par Mr Perrin leur féodiste, en présence de beaucoup de gens d’Aubière. Ils ne se sont pas contentés de cette 1ère inspection, ils ont fait faire par Mr Perrin un relevé général de tous les terriers, pour apparemment les [… ?] et les comparer. Je ne me suis prêté à cette dernière opération qu’à condition qu’ils me donneraient une copie de ce travail qui nous sera nécessaire si l’on refait le terrier.

J’ai fait bêcher à fond les deux grands quarreaux du parterre. On laissera autour de chacun une plate bande pour y mettre des fleurs, et le milieu se mettra en jardinage. J’y ai fait planter environ cinq cents renoncules.

On a semé dans le grand champ voisin, dans la partie qui a été bêchée, trois septiers de fèves noires. Le terrain bêché n’étant pas entièrement employé, on met le surplus en pois verts.

Une des bourretes de Mr Desaunats ayant prix beaucoup de pous, on lui avait appliqué de l’onguent gris. Cet onguent ayant fait un assez mauvais effet, j’ai prié Mr Desaunats de la faire venir à St Genès. Depuis huit jours qu’elle y est, elle s’y est refaite. Il a envoyé chercher les cinq autres pour les mettre au fourrage. J’ai écrit à Mr Teillard pour lui conseiller d’en faire autant des siennes.
On a vendu la vache noire que l’on engraissait depuis quelques temps 18 pistoles (6) à un boucher de Clermont. Il a donné cinquante écus (7) en assignats.

On a semé dans le haut du champ voisin où l’on a mis les fumiers qui étaient entassés dans la cour la quantité de trois septiers une quarte pamoule.

Notre portion de la mayère du pré Rougier a fait … [en blanc] milliers d’échalas.


Annotations de Pierre Bourcheix :
(1) - Trémois : blé de printemps.
(2) - Paillade : alignement de gerbes à battre.
(3) - Rutoir : routoir ou rouissoir.
(4) - Plançon : bouture.
(5) - Rachelas : sorte de petit froment de printemps ou marsin.
(6) -  Pistole : en France, monnaie de compte qui valait 10 livres tournois (ou dix francs).
(7) – Ecu : monnaie d’or ou d’argent, un écu valait 5 francs, mais sans doute beaucoup moins en assignat, monnaie de papier…



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